Comment réussir son compost ?
Comment réaliser un bon compost au jardin ? Arnaud de l'association Terre & Humanisme nous partage conseils et bonnes pratiques pour réussir son compost. En effet, avoir un sol vivant nourrit grâce au compost est l'une des bases en agroécologie. Cela permet d'avoir des cultures en bonne santé et surtout d'avoir un jardin productif. Découvrons ce qu'est le compost, ce que vous pouvez y mettre ou non et pourquoi l'apport de compost est une des grandes pratiques de l'agroécologie.

Sommaire
Les différents types de compost
Il existe plusieurs types de compost adaptés à différents espaces et besoins :
Compost d'intérieur : Idéal pour ceux qui vivent en appartement, ce compost se fait dans des bacs ou des seaux fermés. Les déchets sont transformés grâce à des micro-organismes, souvent avec l'ajout de lombrics dans le cas du lombricomposteur.
Compost d'extérieur : Il est idéal pour les personnes disposant d’un jardin. Les déchets organiques se décomposent en tas ou dans un composteur, grâce à l’aération naturelle et aux micro-organismes.
Compost collectif : Dans certains quartiers ou résidences, des composteurs collectifs sont installés pour les habitants. Ils permettent de valoriser les déchets organiques à plus grande échelle et encouragent le compostage urbain.
C'est quoi un lombricomposteur ?
Un lombricomposteur est un système de compostage utilisant des vers (principalement des vers de terre spécifiques, comme Eisenia fetida) pour décomposer les déchets organiques. Contrairement au compost traditionnel, où la décomposition est principalement réalisée par des micro-organismes et des bactéries, le lombricomposteur inclut une action rapide des vers qui consomment les déchets et les transforment en un compost riche en nutriments.
Le fonctionnement du lombricomposteur repose sur l'ajout de matières organiques (épluchures, marc de café, carton non imprimé, etc.) dans un bac. Les vers digèrent les matières et produisent un compost fin, appelé lombrithé ou jus de compost, utilisable comme engrais liquide. Ce procédé est particulièrement adapté aux environnements urbains, notamment en appartement, car il produit moins d'odeurs et prend peu d’espace.
La différence avec un compost classique sans vers réside dans la vitesse de décomposition et la qualité du compost obtenu. Le lombricomposteur est plus rapide et génère un compost très riche, mais nécessite un entretien régulier pour assurer le bien-être des vers. Certains aliments ne sont pas non plus très adaptés comme les agrumes par exemple.
Comment faire du compost ?
Compost maison et au jardin : 4 règles à respecter
Le compost, c'est comme la cuisine ! En réalisant un compost, vous allez nourrir les micro et macro-organismes qui vont digérer toute la matière organique apportée pour produire une belle matière pour son jardin. Il existe 4 règles à respecter pour un bon compost :
La ration alimentaire : Essayez d'équilibrer au maximum les apports de matière, plutôt carbonées, avec les apports de matières azotées. On parle de rapport carbone/azote. Par exemple, quand on parle de matière carbonée riche en cellulose cela peut être du broyat de bois ou de la paille. En matière plutôt azotée, il est possible d'utiliser du fumier animal notamment (par exemple fumier non pailleux de brebis ou tout simplement des matières type épluchures de légumes ou tontes de pelouse fraîches qui vont être très riches en azote).
L'oxygène : Les micro et macro-organismes respirent. Ils ont besoin d'oxygène, comme nous donc il s'agit d'apporter des éléments dits structurants. Par exemple, le broyat de bois ou la paille sont des éléments qui laissent passer l'oxygène au sein du tas de compost et vont permettre la bonne oxygénation ou bonne aération du compost. Pour une bonne aération de votre compost, celui-ci doit être régulièrement retourné avec un croc.
L'humidité : Votre compost a besoin d'une bonne humidité pour que les matières organiques se décomposent. Pour cela, vous pouvez réaliser le test du point qui est très intéressant. Prenez une poignée de compost dans la main et serrez très très fort au niveau de la main. Vous devez observer un tout petit peu d'eau qui percole et s'échappe de votre main. Si au contraire cela gicle, c'est que votre compost est trop humide, et l'eau chassant l'air, il n'y aura pas assez d'oxygène pour les micro-organismes et macro-organismes se développent.
La finesse des éléments : Plus vous intégrerez des éléments fins dans votre compost, mieux ils vont se composter. Ainsi, il est conseillé d'éviter les éléments grossier dans votre compost.
Le saviez-vous ?
Le processus de compost est assainissant et va éliminer les pathogènes. Ainsi, vous pouvez tout à fait apporter des plantes malades à votre compost si vous respectez bien les 4 règles citées ci-dessus.
Comment faire du compost maison ?
Que vous disposiez d’un jardin ou viviez en appartement, il est possible de réaliser son compost maison :
Si vous avez un jardin : Installez un composteur en bois ou en plastique dans un coin ombragé du jardin. Vous pouvez aussi opter pour un simple tas. Ajoutez des déchets de cuisine (épluchures, restes de fruits et légumes), des déchets verts (gazon, feuilles mortes) et des déchets bruns (branches, carton non imprimé). Pensez à alterner les couches et à bien aérer le compost régulièrement pour favoriser la décomposition.
Si vous êtes en appartement : Un lombricomposteur est la solution la plus adaptée. Il peut être installé sous l’évier, sur un balcon ou dans une petite pièce. Introduisez progressivement vos déchets organiques, en évitant de saturer le bac, pour que les vers puissent bien travailler. Il est aussi possible d’utiliser un composteur de cuisine sans vers, mais celui-ci prendra plus de temps à produire du compost.
Qu'est-ce qui va dans le compost ?
Il existe différentes méthodes de compostage. Nous vous partageons ici les matières que vous pouvez intégrer à votre composteur de jardin ou en compostage partagé. Depuis janvier 2024, la plupart des grandes villes ont également mis en place des bornes d'apport volontaire de matières organiques. Dans votre composteur de jardin vous pouvez mettre :
les épluchures de légumes et de champignons
les épluchures d'agrumes découpées en petits morceaux
les noyaux de fruits, même le noyau d'avocat
des coquilles d'oeufs écrasées
aliments avariés ou périmés
restes de repas d'origine végétale (riz, pâte, etc..)
les filtres en papier, les sachets de thé
le marc de café, les restes de thé et de tisanes
les croûtes de fromage
produits laitiers périmés
pain rassis humidifié
épluchures d'oignons, échalotes, ail
petits morceaux de bois (petites branches uniquement)
essuie-tout et mouchoirs
feuilles mortes et plantes sèches
tontes de gazon, résidus de taille de haie
des fleurs fanées
des plantes malades
des cheveux (récoltés sur votre brosse par exemple) et poils d'animaux
Attention, si vous pratiquez le vermicompostage ou lombricompost, la liste des matières organiques à intégrer à votre compost ne sera pas exactement la même !
Quels sont les aliments et épluchures à ne pas mettre dans le compost ?
pas de graisse ni de produits huileux
papier cuisson
huile de friture
viande et os
coquilles de mollusques (huîtres, moules)
le verre, le plastique, le métal
sac plastique
sac biosourcé (dit "compostable")
bouchons de liège
terre
tissus
cendre
gros morceaux de bois
sac d'aspirateur
A quoi sert le compost ? Les bienfaits du compost
L'apport de compost au jardin développe la vie du sol et participe à améliorer les échanges, c'est la clé d'un sol vivant ! Le compost permet d'éviter l'utilisation des engrais chimiques et insecticides qui détruisent les équilibres et mécanismes du sol.
Un sol vivant est l'une des clés du jardinage biologique dont l'action se répercute sur :
la fertilité des sols : l'utilisation de compost évite d'utiliser des intrants chimiques
la protection des plantes : l'apport de compost dans le sol, en stimulant l'activité microbienne exerce une action protectrice sur de nombreuses plantes
le bêchage inutile : le sol ainsi nourrit change de texture, reste souple et ne nécessite plus de bêchage. Le désherbage est facilité
la qualité des sols : la capacité de rétention d'eau des sols et leur structure s'améliorent, permettant aux plantes de traverser plus facilement les périodes de sécheresse.
Peut-on planter directement dans du compost ?
Jardinage : utilisation du compost au potager
Cela dépend des plantes mais globalement la réponse est non, sauf pour les cucurbitacées !
De manière générale, il est recommandé d'utiliser votre compost mûr en surface dans votre jardin, sur vos espaces de cultures au potager. Déposez votre compost en couche de 3 cm d'épaisseur autour des plantes. Inutile d'enfouir votre compost, vos arrosages et la pluie s'en chargeront, associés au travail des vers de terre. Répartissez seulement votre compost au râteau. Vous pouvez ensuite ajouter un paillage pour éviter les germinations spontanées dans le compost et l'évaporation de l'eau.
Vous pouvez également ajouter du compost autour des arbres fruitiers, des rosiers et des plantes vivaces en couches minces.
Composteur en appartement : utilisation pour les plantes d'intérieur
Si vous vivez en appartement, la meilleure solution pour composter sera le compostage collectif avec vos voisins. De nombreuses villes accompagnent l'installation de composteurs partagés dans les quartiers et résidences.
Si vous récupérez du compost de qualité de votre composteur collectif, utilisez-le pour vos plantes d'intérieur, pots et jardinières de balcon. Enlevez la terre sur les trois premiers centimètres de vos pots et jardinières et remplacez-la par l'équivalent en compost mûr.
Lors de rempotages ou de nouvelles plantations, remplissez vos pots d'un mélange constitué d'un tiers de compost et deux tiers de terreau de rempotage.
Comment entretenir son compost et éviter les odeurs ?
Un compost bien entretenu favorise une décomposition optimale et évite les mauvaises odeurs. Voici quelques astuces pour prendre soin de votre compost tout en vous assurant qu'il reste sain et sans désagréments olfactifs :
Aérer régulièrement : Il est essentiel de retourner le compost environ une fois par semaine pour bien l’aérer. Vous pouvez utiliser une fourche pour vous aider si vous disposez d'un compost extérieur. Un manque d’oxygène peut ralentir la décomposition et provoquer des odeurs de fermentation. L’aération permet de maintenir un environnement sain pour les micro-organismes qui transforment les déchets en compost.
Maintenir l'équilibre entre carbone et azote : Un bon compost nécessite un juste équilibre entre déchets azotés (épluchures, restes de fruits et légumes) et déchets carbonés (feuilles mortes, carton non imprimé). Un excès de l’un ou l’autre peut provoquer des odeurs ou ralentir le processus de décomposition. Si des odeurs apparaissent, c'est souvent le signe d'un surplus de déchets azotés (verts). Ajoutez alors plus de matières sèches (brunes) pour rétablir l'équilibre.
Contrôler l'humidité : Un compost trop humide peut engendrer des odeurs désagréables liées à la fermentation. Il est important de maintenir un bon taux d'humidité : le compost doit être humide comme une éponge essorée, mais jamais détrempé. Si le compost est trop sec, humidifiez-le légèrement. Si, au contraire, il est trop mouillé, ajoutez des matières sèches comme du carton ou des feuilles mortes.
Éviter les aliments inadaptés : Les restes de viande, de poisson, de produits laitiers ou d'aliments cuits doivent être idéalement évités, car ils peuvent attirer les nuisibles et produire des odeurs désagréables lors de leur décomposition. Restez sur des matières végétales non transformées pour un compost sans nuisances olfactives. Le plus important est d'éviter le gaspillage alimentaire.
Ajouter des matériaux secs : Si vous remarquez une odeur persistante, ajoutez plus de matières carbonées telles que des feuilles sèches, du papier non imprimé ou du carton pour absorber l'humidité excédentaire et neutraliser les mauvaises odeurs.
En suivant ces bonnes pratiques, votre compost se décomposera de manière efficace, tout en évitant l’apparition de mauvaises odeurs et de nuisibles.
Compostage obligatoire : que dit la loi sur les obligations des ménages en 2024 ?
Fini les biodéchets dans les poubelles bleues, place au bac à compost !
La loi de 2020 visant à lutter contre le gaspillage alimentaire impose aux collectivités territoriales de proposer des solutions de compostage aux citoyen(ne)s à partir du 1er janvier 2024. Le tri des biodéchets concerne les particuliers et les professionnels.
Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur le site ww.ecologie.gouv.fr et consulter cet article.
Votre commune propose certainement plusieurs solutions de compostage des biodéchets comme :
distribution gratuite de bac à compost ou seau à compost
solutions de compostage collectif partagés
bornes d'apports volontaire de biodéchets
soutien financier à l'achat d'un composteur de jardin
Pour aller plus loin
Réalisez un stage chez Terre & Humanisme
Il existe de nombreux ouvrages sur le sujet du compostage comme "Je réussis mon compost et lombricompost" aux éditions Terre vivante
De nombreuses associations accompagnent les porteurs de projets pour un compost partagé dans un immeuble. Vous trouverez une mine d'information sur le site du Réseau Compost Citoyen.
Les conseils de Terre & Humanisme pour réussir son compost
Zoom sur notre rédactrice Naturopathe, Lucie Granjon
Passionnée par les plantes et leurs propriétés, elle travaille depuis plus de 10 ans dans l'univers de la beauté naturelle et de l'aromathérapie, après avoir débuté sa carrière chez un parfumeur. Lucie accompagne des marques éthiques et engagées dans leur stratégie de développement, la formulation de leurs produits et l'expertise des conseils partagés à leurs client(e)s. Elle a travaillé avec nos équipes Aroma-Zone sur plusieurs livres, notamment "Le grand guide de l'Aromathérapie et des cosmétiques naturels". En parallèle, elle se forme depuis des années à l'aromathérapie, l'herboristerie et la distillation d'huiles essentielles tout en soutenant le travail des productrices et producteurs de plantes français.