Rosacée oculaire : quels sont les causes et symptômes ?

La rosacée oculaire est beaucoup plus fréquente que vous ne le pensez ! Statistiquement, si vous avez déjà souffert de rosacée cutanée, il y a un risque sur deux pour que vous présentiez un jour une forme ophtalmique. Heureusement bénigne dans la plupart des cas, elle peut néanmoins entraîner des inconforts oculaires qui altèrent votre qualité de vie. Voici l’essentiel à savoir sur cette maladie qui provoque rougeurs, picotements et sensations de sécheresse au niveau des yeux et des paupières.

Par Hélène Betoux
Mis à jour le 30/01/2025 Temps de lecture : +4 min.

Est-il possible d’avoir de la rosacée sur les yeux et les paupières ?

Oui, absolument ! C’est ce qu’on appelle la « rosacée oculaire » ou parfois la « couperose oculaire ». C’est l’une des quatre formes connues de la rosacée : forme érythémateuse (la couperose), forme papulo-pustuleuse (l’acné rosacée), rhinophyma (souvent le nez des hommes) et forme oculaire. 

Cette maladie des yeux peut tout à fait coexister simultanément avec une atteinte cutanée (peau du visage). Cela se vérifie d’ailleurs chez 1 personne sur 3. Et dans la moitié des cas, les atteintes ophtalmologiques commencent par une forme dermatologique. Heureusement, il reste aussi possible de présenter des symptômes de rosacée oculaire sans que le reste du visage ne soit touché.

Le saviez-vous ? La rosacée dermatologique concerne le plus souvent les femmes. En moyenne, sa prévalence augmente à partir de 30 ans. Dans sa forme ophtalmologique, les hommes sont autant touchés que les femmes. La rosacée oculaire peut également se déclarer chez les enfants.

Pourquoi la couperose oculaire apparaît-elle ?

Bien qu’elle soit généralement sans gravité, la rosacéeest l’une des maladies les plus répandues sur les yeux et les paupières. Pourtant, ses causes demeurent encore méconnues. Le fait d’être blond(e) aux yeux clairs exposerait davantage au risque de développer une rosacée oculaire. C’est ce que les chercheurs appellent la « malédiction des Celtes ». 

Au-delà de cette prédisposition, notre environnement peut cacher des facteurs aggravants et des éléments déclencheurs. Tous ces paramètres sont susceptibles d’entretenir les « poussées » de rosacée. Parmi eux : la consommation d’alcool, d’épices et l’exposition aux UV – entre autres. Cela peut être également dû à un dysfonctionnement du meibum, un corps gras sécrété au niveau des yeux par les glandes de Meibomius. Trop visqueux, il resterait bloqué dans les glandes, ce qui favoriserait l’inflammation de la paupière et la prolifération de bactéries, avec les symptômes qui s’ensuivent.

Comment savoir si c’est de la rosacée oculaire ?

Rappel : seule une visite auprès d’un professionnel de santé (médecin, ophtalmologue, etc.) peut confirmer le diagnostic de la rosacée oculaire. 

  • Vous ressentez un inconfort oculaire : vos yeux vous paraissent secs en permanence. Vous pouvez en plus avoir une gêne semblable à celle d’une petite poussière dans l’œil.

  • Vous êtes plus sensible à votre environnement : le vent, la climatisation, la fumée, les systèmes de soufflerie vous gênent et augmentent l’intensité de vos symptômes.

  • Vos yeux vous démangent : ils peuvent vous picoter et vous brûler. Il est aussi possible que vous ressentiez une forte envie de vous gratter ou de vous frotter les yeux.

  • Votre œil est rouge : les rougeurs, indissociables de la rosacée, sont souvent présentes en cas de rosacée oculaire (télangiectasies dans le blanc de l’œil, bord de la paupière rouge). 

  • Vos paupières sont gonflées : le gonflement est un symptôme caractéristique de la blépharite, c’est-à-dire d’une inflammation du bord de la paupière.

Quelle différence avec la dermite séborrhéique ?

La couperose oculaire et la dermite séborrhéique (qui peut aussi toucher les yeux) sont souvent confondues, car elles présentent des symptômes similaires. Par ailleurs, toutes les deux sont relativement bénignes et récurrentes : elles vont et viennent. Leur différence majeure se situe au niveau des complications, la dermite séborrhéique ne provoquant pas d’atteintes cornéennes. Les squames grasses et croûtes jaunâtres souvent associées à la dermite séborrhéique sont en réalité considérées communes aux deux maladies, notamment lorsqu’elles s’accumulent à la base des cils. En cas de rosacée, elles peuvent traduire la présence de demodex, de minuscules acariens de la peau.

Comment préserver votre hygiène oculaire ?

Prendre soin de vos yeux au quotidien est un geste simple pour assurer la propreté de vos paupières et prévenir certains inconforts courants. Voici quelques conseils pour maintenir une bonne hygiène palpébrale. Il est généralement conseillé d’appliquer cette routine au moins une fois par jour.

  1. Imbibez un gant de toilette propre ou un disque à démaquiller d’eau chaude. Posez-le sur vos paupières closes, en réitérant plusieurs fois l’opération si besoin. L’objectif est de fluidifier les corps gras du meibum afin de faciliter son évacuation hors des glandes.

  2. Massez ensuite vos paupières fermées du bout du doigt (assurez-vous d’avoir les mains bien propres et désinfectées au préalable). Effectuez des gestes du bas vers le haut pour les paupières inférieures, puis du haut vers le bas pour les paupières supérieures.

  3. Terminez en essuyant délicatement vos yeux à l’aide d’une compresse humide. Utilisez de préférence une lotion nettoyante adaptée à un usage ophtalmique. Ciblez particulièrement le bord libre de vos paupières pour déloger le meibum évacué.

Est-ce que la rosacée ophtalmique part toute seule ?

La rosacée est une maladie chronique qui fonctionne par stades de poussée et de rémission. Elle peut donc donner des signaux d’apaisement qui laissent parfois songer qu’elle a disparu… avant de se manifester de nouveau. C’est pourquoi il est important de consulter votre médecin dès les premiers signes avant-coureurs. En plus de suivre l’évolution et les rechutes éventuelles de votre pathologie oculaire, il vous guidera dans les bons gestes de soin à adopter au quotidien. La plupart du temps, l’apparition d’une rosacée des yeux nécessite des mesures d’hygiène oculaire strictes à vie.

Précautions d’usage

La rosacée oculaire est une maladie. En tant que telle, elle appelle une prise en charge médicale. Aucune information proposée dans ce dossier ne saurait se substituer à l’examen et à l’avis d’un professionnel de santé. Si vous avez le moindre doute, prenez rendez-vous avec votre ophtalmologue.

Le conseil de l’expert

Vous êtes sujet(te) à la sécheresse oculaire ? N’oubliez pas d’introduire quelques bons réflexes pratiques dans votre quotidien. En intérieur, fuyez la fumée de cigarette, les climatiseurs, les ventilateurs et les sources lumineuses trop fortes. Si possible, installez un humidificateur dans vos pièces de vie. Attention également au travail sur écran : ménagez-vous des pauses pour cligner des yeux régulièrement et maintenir leur hydratation. En extérieur, protégez-vous du vent et des rayons du soleil avec des lunettes enveloppantes qui épousent correctement les contours de votre visage.

En savoir plus

Quelles sont les complications de la rosacée oculaire ?

L’une des complications les plus courantes de cette forme de rosacée est l’apparition d’un chalazion. Il s’agit d’un petit kyste qui se développe sur la paupière à la suite d’une obstruction des glandes de Meibomius. Bien qu’il soit plus rare, l’orgelet (origine bactérienne) est aussi sur la liste. Il est également possible de constater des changements au niveau des cils : ils se replient parfois vers l’intérieur de l’œil – ce qui est potentiellement source de démangeaisons. Ils peuvent même tomber dans certaines situations.

Peut-on devenir aveugle en cas de rosacée oculaire ?

Oui. Les atteintes de la cornée sont les complications les plus graves de la rosacée des yeux et des paupières. Il arrive effectivement qu’elles altèrent la qualité de la vision (impression de voir flou, hypersensibilité à la lumière). Dans les cas les plus sévères, cette baisse de l’acuité visuelle peut aller jusqu’à la cécité.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Hélène Betoux

Hélène Betoux est une journaliste beauté française spécialisée dans les médias du Web. Elle rédige quotidiennement des astuces, des conseils et des guides pour aider les consommatrices à bien choisir leurs produits de beauté. Proche de la cosmétique naturelle, biologique et "clean", elle a toujours un œil sur les tendances et les innovations du secteur, qu'elle aime analyser et partager.

Bibliographie

1

G. Gabison. « La rosacée oculaire » in Thérapeutiques en dermato-vénérologie, n° 256, novembre 2016, cahier 1, p. 13-14.

2

S. Doan, M. Castelain, S. Fauquier. Inflammation des paupières et de la surface oculaire : lorsque l’ophtalmologie rencontre la dermatologie, Théa, NC.

3

S. Doan. « Rosacée oculo-cutanée » in Les cahiers d’ophtalmologie, n° 225, février 2019, p. 28-31.

4

B. Guignier, T. Bourcier, « Sécheresse oculaire : quels conseils pratiques pour nos patient(e)s ? » in Les cahiers d’ophtalmologie, n° 163, octobre 2012, p. 60-62.