Fumeterre (Fumaria officinalis) : définition, propriétés et bienfaits

Vous avez peut-être déjà croisé la Fumeterre officinale sans la reconnaître. Cette petite plante discrète qui pousse un peu partout est connue depuis l'Antiquité pour ses vertus médicinales, notamment pour soulager le foie et le système digestif. Nous vous invitons à découvrir plus amplement cette espèce aux jolies fleurs pourpres qui témoigne de la richesse de la pharmacopée traditionnelle.

Par Catherine Gilette
Mis à jour le 04/04/2025 Temps de lecture : +4 min.

La fumeterre : définition

La Fumeterre officinale, Fumaria officinalis de son nom latin, est une petite plante herbacée annuelle appartenant à la famille des Papavéracées (ou Fumariacées selon les classifications). Son nom latin est tiré de fumus, la fumée et terra, la terre, à cause de son odeur et de sa propriété à irriter les yeux comme le fait la fumée. Officinalis signifie officine, pharmacie. La Fumeterre est une plante de 10 à 30 cm qui se présente souvent couchée. Sa tige principale, fragile et basse, est ramifiée de tiges anguleuses et grêles. Ses feuilles alternes, tripennatiséquées à segments plats, sont de couleur gris-vert. La floraison a lieu de mai à octobre. Les fleurs apparaissent en inflorescence de 10 à 20 fleurs; elles sont tubulaires, rose pâle à purpurine et tachées de pourpre au sommet. La Fumeterre officinale est la seule Papaveraceae à ne pas présenter de latex à la cassure, contrairement au Coquelicot par exemple. Elle est très commune dans les régions tempérées de l'hémisphère nord d'Europe et d'Asie et se rencontre fréquemment dans les champs, les jardins et les lieux incultes. Elle pousse sur tous les types de sol et aussi bien dans les plaines qu'en altitude. La Fumeterre officinale est une plante rudérale, c'est-à-dire qu'elle colonise les milieux perturbés par l'activité humaine. Elle est donc un modèle d'étude intéressant pour comprendre les mécanismes d'adaptation des plantes aux milieux perturbés. Sa capacité à coloniser rapidement les sols pauvres et sa résistance aux stress environnementaux en font une espèce pionnière, jouant un rôle important dans la dynamique des écosystèmes. La récolte des sommités fleuries de la Fumeterre se fait généralement en juin, lorsque la plante est en pleine végétation. C'est à ce stade de son développement que la plante concentre le maximum de principes actifs, notamment les alcaloïdes, comme la fumarine, responsables de ses propriétés médicinales.

Quelles sont ses propriétés ?

Outre ses qualités esthétiques et écologiques, la Fumeterre est reconnue depuis longtemps pour ses propriétés médicinales :

Des propriétés digestives

La Fumeterre est cholagogue et cholérétique. Cela signifie qu'elle stimule la production de bile par le foie et favorise son écoulement vers l'intestin. Grâce à son action sur la bile, cette plante facilite la digestion des aliments gras. Elle est également spasmolytique sur les muscles lisses, en particulier sur le sphincter d'Oddi, situé au niveau de l'entrée du duodénum, où la bile et les sucs pancréatiques sont libérés dans l'intestin.


Des propriétés dépuratives

La Fumeterre est reconnue pour ses propriétés dépuratives, notamment grâce à son action sur la détoxification hépatique qui améliore l’élimination des toxines. En purifiant le sang, elle contribue indirectement à améliorer l’aspect de la peau, notamment en cas d’imperfections liées à une surcharge toxique. Elle possède également une action diurétique, favorisant l’élimination des déchets par les reins. Utilisée en cure interne ou appliquée en usage externe sur la peau, elle participe ainsi à une approche globale pour purifier l’organisme.

Quels sont ses bienfaits ?

En résumé, la Fumeterre est bénéfique à au moins 5 niveaux pour notre corps :

  • Soutien du foie : elle stimule la production et l’évacuation de la bile, favorisant une meilleure digestion des graisses et la détoxification hépatique

  • Propriétés dépuratives : elle aide à éliminer les toxines via le foie et les reins, contribuant à purifier l’organisme

  • Amélioration de la qualité de la peau : en purifiant le sang, elle réduit les imperfections cutanées liées à une surcharge toxique

  • Effet spasmolytique : elle permet de relaxer les muscles lisses, notamment au niveau du sphincter d’Oddi, facilitant le flux biliaire et soulageant les spasmes digestifs

  • Action diurétique : elle favorise l’élimination des déchets par les voies urinaires, renforçant son rôle détoxifiant.

Comment l'utiliser ?

  1. En infusion : 1 à 2 cuillères à café de plante séchée par tasse, à raison de 2 à 3 tasses par jour, de préférence à la fin des repas pour favoriser la digestion.

  2. En cuisine : les jeunes pousses de Fumeterre peuvent être consommées en salade. Leur saveur légèrement amère s’associe parfaitement avec des plantes comme le Pissenlit pour une touche dépurative et gourmande.

  3. Sous la forme de compléments alimentaires : disponible en gélules, comprimés ou extraits fluides, elle peut être prise en cure courte (15 jours à 1 mois) pour soutenir la fonction hépatique et favoriser une détoxification naturelle. Veillez à respecter les doses recommandées sur les produits

  4. En cosmétique : utilisée sous forme d’extraits ou d’infusions, elle peut être intégrée dans des lotions toniques ou des masques pour purifier et apaiser les peaux sujettes aux imperfections

Précautions d'usage

La Fumeterre contient des alcaloïdes actifs qui, bien que bénéfiques à faible dose, peuvent être toxiques en cas de surdosage. Elle est déconseillée aux personnes souffrant de maladies du foie ou de la vésicule biliaire, d'hypertension, ainsi qu’aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants. La Fumeterre peut interagir avec certains médicaments, notamment ceux ciblant le foie. Consultez un professionnel de santé avant utilisation.

Conseil de l'expert

Galien, souvent considéré comme le père de la pharmacologie, attribuait déjà des vertus thérapeutiques à de nombreuses plantes, dont la Fumeterre. Traditionnellement surnommée 'l'herbe à la jaunisse', elle était utilisée pour traiter les affections hépatiques et biliaires. Aujourd’hui encore, elle reste un allié précieux face aux déséquilibres liés à une alimentation industrialisée.

En savoir plus

Peut-on associer la Fumeterre à d'autres plantes ?

La Fumeterre, reconnue pour ses propriétés dépuratives, peut être associée à d'autres plantes bénéfiques pour le foie, comme le Romarin, le Chardon-Marie, l'Artichaut ou le Desmodium. Toutefois, sa richesse en alcaloïdes nécessite des précautions. Avant de l’intégrer à une synergie de plantes, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de santé en cas de traitement médicamenteux afin d’éviter d’éventuelles interactions.

Comment cultiver de la Fumeterre dans son jardin ?

Plante annuelle facile à cultiver, la Fumeterre convient aux jardiniers débutants. Elle se ressème spontanément et demande peu d’entretien. Semez-la au printemps, après les dernières gelées, en lignes espacées de 30 cm. Adaptable, elle pousse dans tous types de sol et préfère les endroits ensoleillés ou mi-ombragés.

Comment conserver la Fumeterre après récolte ?

Pour profiter de ses bienfaits toute l’année, cueillez les parties aériennes par temps sec. Vous pouvez la faire sécher à l’air libre : faites de petits bouquets à suspendre dans un endroit sec, aéré et à l’abri de la lumière (grenier, remise) ou la faire sécher au four : placez la plante à très basse température (environ 35 °C) avec la porte légèrement ouverte pour évacuer l’humidité. Une fois la plante complètement sèche et friable, conservez-la dans des bocaux en verre hermétiques, à l’abri de la lumière, pour préserver ses propriétés.

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Catherine GILETTE

Catherine est passionnée par les plantes et leur propriétés, elle a été formée aux cosmétiques naturels par l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales au début des années 2000. Curieuse, elle a continué à explorer la richesse et le potentiel des plantes. C'est ainsi qu'elle s'est formée à l'aromathérapie avec l’École Française d'Aromathérapie Intégrative. Elle a découvert une dimension presque inexplorée avec l'olfactothérapie et en même temps un outil incroyable pour mieux se connaître et pratiquer ce qu'elle appelle l'écologie intérieure.

Bibliographie

1

Leclerc, H. (1954). Précis de phytothérapie : essais de thérapeutique par les plantes françaises. France : Masson.

2

Cahen R, Sautai m, Taurand S, Luc S. Étude pharmacologique du fumeterre officinal, toxicité ; actions cardio vasculaire, respiratoire et hépato-biliaire [pharmacological study of fumeterre officinal i. toxicity; cardiovascular, respiratory and hepato-biliary actions]. Thérapie. 1964 mar-apr

3

Salembier Y. Etude de l'action du nébulisat de Fumeterre sur la cholérèse chez 33 malades présentant un drainage biliaire externe [Study of the action of the aerosol Fumeterre on choleresis in 33 patients with external biliary drainage]. Lille Med. 1967 Nov