Mélampyre des champs (Melampyrum arvense)

Le Mélampyre des champs, une jolie plante aux couleurs flamboyantes, joue un rôle crucial dans la biodiversité. Semi-parasite et mellifère, il est un indicateur de la qualité des sols et un refuge pour certains papillons. Longtemps utilisé pour ses propriétés médicinales et tinctoriales, il est désormais plantés pour recréer des zones écologiques favorable à la croissance d'un papillon en danger. Nous vous invitons à découvrir cette plante méconnue, parfois mal aimée et pourtant essentielle pour l'Environnement.

Par Catherine Gilette
Mis à jour le 28/01/2025 Temps de lecture : +4 min.

Définition du Mélampyre : Qu'est que le Mélampyre des champs ?

Le Mélampyre des champs est une plante herbacée annuelle appartenant à la famille des Orobanchacées, et anciennement classée dans les Scrophulariacées. Melampyrum arvense, de son nom latin, est originaire d'Europe et d'Asie occidentale où il pousse principalement dans les champs cultivés ou en friches, les prairies et les bords de chemins. Le nom Melampyrum vient du grec melas, « noir » et pyros « blé », d'où son surnom de Blé noir. Arvense signifie « champs ». Le genre Melampyrum contient une trentaine d'espèces.

Le Mélampyre a la particularité d'être hémiparasite. En effet ses feuilles assurent la fonction chlorophyllienne mais ses racines vampirisent la sève des plantes autour de lui, particulièrement celles de la famille des Poacées dont le blé fait partie. Ses graines se confondent d'ailleurs avec celles du blé à l'heure des moissons et donnent au pain des taches rouges à violettes. Si le Mélampyre des champs est considéré par certains comme une « mauvaise herbe », pour d'autres il est au contraire un moyen de freiner l'appétit des Poacées pour l'azote dont la famille appauvrit les sols. Il tend ainsi à contrebalancer le déséquilibre dans une forme d'interdépendance. Le Mélampyre des champs est également une plante pionnière qui colonise rapidement les sols déséquilibrés. Cela fait donc de lui une plante bio-indicatrice très intéressante. On le trouve dans de nombreux types de milieux, même en montagne ; il a cependant une préférence pour les sols plutôt secs et calcaires. Comme il a besoin de lumière et de chaleur, il est plus fréquent sur les pentes bien exposées dans la moitié nord de la France.


Un hôte unique

C'est une plante mellifère appréciée des insectes pollinisateurs, notamment d'une espèce de petit bourdon. Aussi, la Mélitée du mélampyre ou Damier Athalie, une espèce de papillon dont la population est en fort déclin, utilise le Mélampyre comme plante hôte pour ses larves. La présence du Mélampyre des champs est un bon indicateur de la qualité des sols et de la biodiversité d'un milieu. 


Restauration de la biodiversité

Son utilisation dans les prairies et jardins de conservation vise à restaurer un écosystème équilibré. En diversifiant la flore, notamment en réduisant la dominance des graminées, sa présence contribue à améliorer la qualité de l'habitat pour une multitude d'insectes, attirés par ses ressources en pollen et nectar.

Historiquement, Melampyrum arvense a été utilisé dans la médecine populaire, bien que son usage soit aujourd'hui limité et trop peu documenté. 

Propriétés du Mélampyre des champs

Propriétés médicinales supposées

Certaines espèces du genre Melampyrum ont été utilisées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et calmantes dans des remèdes traditionnels. En effet la graine contient de l'aucubine. Cette substance a des effets anti-inflammatoire et anti-bactérien qui ont autrefois été utilisés pour soigner les animaux d'élevage. 

Dans certaines cultures, le Mélampyre a été utilisé pour ses propriétés purgatives, c'est-à-dire le fait de favoriser la purge, en faisant vomir par exemple. Elle a également été utilisée pour ses propriétés diurétiques, c'est-à-dire qu'elle augmente la production d'urine. Cependant, ces propriétés n'ont pas été étayées par des preuves scientifiques solides. Il est par conséquent fortement déconseillé d'utiliser le Mélampyre des champs à des fins thérapeutiques sans avis médical.

Par mesure de précaution, il est préférable d'utiliser d'autres plantes aux propriétés diurétiques couramment utilisées en phytothérapie comme  :

  • Le Pissenlit, qui cumule une activité diurétique et dépurative, c'est-à-dire qui favorise l'élimination des déchets et des toxines présents dans l'organisme

  • Le Bouleau, qui possède en des propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires, antispasmodiques et diurétiques , ce qui en fait une plante intéressante en cas d'infections urinaires.

  • La Fleur de Sureau, qui est à la fois diaphorétique, diurétique et dépurative, c'est-à-dire qu'elle favorise la transpiration, aide à éliminer les toxines via l'urine, et purifie le corps en soutenant la fonction rénale

  • Le Frêne qui cumule des prorpiétés diurétiques et dépuratives, ce qui favorise l'élimination du mauvais cholestérol

Les bienfaits du Mélampyre des champs

  • Anti-bactérien et anti-inflammatoire. : L’extrait de graines était utilisé pour désinfecter mais aussi être utilisée pour soulager les douleurs liées à des inflammations chroniques ou aiguës, comme celles associées aux articulations, aux muscles

  • Diurétiques : Elle possède des effets diurétiques, ce qui aide à augmenter la production d'urine. Cela permet de favoriser l'élimination des toxines et de réduire la rétention d'eau dans le corps.

  • Antioxydante : La mélampyre des champs contient des substances aux propriétés antioxydantes. Ces composés aident à neutraliser les radicaux libres, protégeant ainsi les cellules du corps contre le vieillissement prématuré

  • Effet calmant : Bien que ce ne soit pas son effet principal, la mélampyre des champs est parfois utilisée pour ses propriétés calmantes

  • Aide à la digestion : Cette plante peut aussi être utilisée pour favoriser la digestion. En stimulant le métabolisme et en régulant les fonctions digestives,

Utilisations naturelles du Mélampyre des champs ?

  1. Revalorisation des écosystèmes: le Mélampyre des champs permet de restaurer le sols et la biodiversité, tant au niveau des espèces végétales qu'animales, notamment en favorisant le développement d'un papillon spécifique: la Mélitée du mélampyre.

  2. Bio-indication des sols: le Mélampyre est une plante bio-indicatrice. En ce sens il permet de connaître la qualité d'un sol et de savoir s'il est carencé en azote.

Quelles sont les solutions naturelles ?

Pour les propriétés diurétiques, il est possible de consommer ce mélange de plante : 

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Précautions d'usage

Comme d'autres membres de la famille des Orobanchacées, le Mélampyre des champs contient des composés légèrement toxiques. Les substances contenues dans le Melampyrum arvense peuvent provoquer des troubles digestifs, des irritations et d'autres effets indésirables. Cela limite de fait son usage thérapeutique direct. Il est donc conseillé d'utiliser des plantes aux vertus similaires qui ne posent pas de problème de toxicité. 

Conseil de l'expert

Étant donné le manque de données scientifiques sur les propriétés thérapeutiques du Mélampyre des champs, il est important de l'observer dans son environnement naturel plutôt que de l'utiliser à des fins médicinales. La nature nous offre par ailleurs de nombreuses alternatives.

En savoir plus

Quelles sont les autres espèces de Mélampyre que l'on croise?

On peut croiser relativement facilement d'autres Melampyrum, comme le Mélampyre des prés (Melampyrum pratense) ou le Mélampyre à crête (Melapyrum cristatum). Il est vrai que le nom Mélampyre des près est très proche du Mélampyre des champs et que la confusion est probable.

Le Mélampyre des bois est-il l'autre nom du Mélampyre gueule de loup?

Le Mélampyre des bois (Melampyrum nemorosum) n'appartient pas à la même espèce que le Mélampyre à gueule de loup. Celui-ci est aussi appelé Blé de la vache, c'est en fait le Mélampyre des champs. Le genre comprend une trentaine d'espèces répandus en Europe, Asie et Amérique du nord et des confusions entre espèces sont courantes. 

Zoom sur notre rédactrice spécialisée, Catherine GILETTE

Catherine est passionnée par les plantes et leur propriétés, elle a été formée aux cosmétiques naturels par l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales au début des années 2000. Curieuse, elle a continué à explorer la richesse et le potentiel des plantes. C'est ainsi qu'elle s'est formée à l'aromathérapie avec l’École Française d'Aromathérapie Intégrative. Elle a découvert une dimension presque inexplorée avec l'olfactothérapie et en même temps un outil incroyable pour mieux se connaître et pratiquer ce qu'elle appelle l'écologie intérieure.

Bibliographie

1

Gerard Ducerf. Encyclopédie des plantes bio-indicatrices volume 3

2

Norbert Pacorel, www.sauvagesdupoitou.com

3

Pollination ecology and seed-set in the rare annual species Melampyrum arvense L. (Scrophulariaceae). M.M.Kwak Acta Bot. Neerl.37(2), 1988,p. 153-163

4

Host-parasite relations in the root hemiparasite Melampyrum arvense. D. Matthies. Flora (1995) 190. 383-394

5

Antiprotozoal activity of Melampyruma arvense and its metabolites juin 2011 Antimicrobial activity of Melampyrym arvense and others sep 2012