Avec la chaleur, le retour veineux peut être laborieux et occasionner des lourdeurs et des gonflements des membres inférieurs. Au-delà de ces inconforts, prendre soin de ses jambes à la saison chaude n’est pas qu’un gage d’esthétisme, c’est aussi apporter un soutien au cœur. L’aromathérapie est excellente pour préserver la santé des vaisseaux et la bonne circulation des fluides, mais comment choisir les huiles et comment tirer le maximum de leur potentiel ?
En médecine traditionnelle chinoise, il n’y a pas de vie sans chaleur, sans mouvement ni circulation. C’est bien pour ça que la période de l’année qui correspond à la pleine maturité, à l’apogée du stade végétatif dans la nature, est l’été. Et donc le corollaire à ce principe de vie, c’est que la stase ou l’immobilité résonnent avec le froid et la mort. Le sang est un des vecteurs de vie et, sa bonne circulation, une clé de santé. Il véhicule et distribue les nutriments et l’oxygène de manière harmonieuse dans tout le corps et permet aussi l’élimination des déchets gazeux. Une bonne circulation repose sur quelques paramètres : un cœur qui impulse un rythme cadencé, une paroi des vaisseaux intègre et une texture de sang adaptée. La santé n’est qu’un état d’équilibre dynamique qui oscille autour de la position du juste milieu pour assurer les besoins de l’organisme et son adaptation à son environnement. Ces mouvements permanents et autonomes suivent les rythmes de la vie et des saisons. Activité physique, immobilité, jour, nuit, été, hiver, puberté, ménopause… A chaque état, rythme et énergie différents, le corps doit s’adapter. Il se confronte même souvent à des épreuves qui peuvent être profondément déstabilisantes. Il y a parfois apparitions de certains signaux d’alarme qui traduisent une faiblesse de terrain, ces signaux sont à prendre en compte.
La stase veineuse est une pathologie évolutive. Si l’on ne prend pas en compte ce terrain fragile, au fil du temps les symptômes se confirment et s’amplifient. L’état des membres inférieurs se dégradent et, à terme, c’est le cœur qui se fatigue. Le premier stade de l’insuffisance veineuse est la sensation de jambes lourdes à chaque situation hostile : source de chaleur, station debout, port de pantalon serré… Ensuite, vient l’apparition de petits vaisseaux disgracieux, appelés télangiectasies. Ils forment de fines lignes rouges ou violettes, de quelques millimètres à quelques centimètres de long, souvent en forme d’étoile. Tout à fait bénins, ils correspondent à une dilatation permanente de micro-capillaires sanguins et occasionnent une gêne inesthétique qui peut justifier leur traitement. Puis, des distensions de la paroi des vaisseaux occasionnent des boursoufflures sombres appelées varices très disgracieuses et de mauvais présage pour l’évolution du syndrome.
Lutter contre ces inconforts est donc essentiel et reste simple avec les huiles essentielles dès lors que le soin est appliqué le plus tôt possible. L’arsenal biochimique aromatique présente des propriétés thérapeutiques inégalées avec un intérêt pour soulager mais surtout pour ralentir l’évolution. Les plantes aromatiques utiles sont toutes des plantes du soleil, soit de régions sèches, soit de régions humides. Le Lentisque recouvre les terroirs méditerranéens, les Cyprès sont emblématiques des paysages de Provence, le Romarin à cinéole se trouve préférentiellement vers les terres marocaines, le Citron regorge de soleil, et enfin les citronnelles comme le Palmarosa se trouvent dans les contrées asiatiques chaudes et humides. Ces dernières sont particulièrement intéressantes en synergie avec les huiles essentielles de plantes de régions arides car elles apportent un complément d’efficacité sur l’œdème et la rétention d’eau. Elles permettront de mieux faire dégonfler les tissus et de lever les stases. Les huiles essentielles de Cyprès de Provence et de Lentisque pistachier ont des propriétés phlébo et veinotoniques, décongestionnantes des parois vasculaires.
Afin de fluidifier le sang pour éviter qu’il ne stagne, il faut miser sur les essences d’agrumes riches en coumarines et notamment celle de Citron. Ses propriétés « vitamine P like » apportent en plus une protection de la paroi veineuse très intéressante pour freiner l’évolution de la pathologie. Le cinéole est une molécule qui parle beaucoup de mouvement et de circulation : « Eole », c’est-à-dire le vent, et « Cin-» pour la cinétique c’est-à-dire l’enchaînement des mouvements. Le 1,8 cinéole ouvre les poumons, active l’expectoration, ravive la mémoire, raffermit les muscles ce qui est nécessaire pour se mouvoir, et tonifie le réseau vasculaire pour une meilleure oxygénation pendant le mouvement. L’huile essentielle de Romarin à cinéole contribue par ailleurs à un effet fraîcheur très agréable, en synergie avec le menthol de la Menthe des champs. Au-delà de l’effet fraîcheur, le menthol opère une vasoconstriction, c’est-à-dire un rétrécissement du diamètre de la paroi des vaisseaux, utile pour accélérer le débit sanguin et prévenir la formation de varices. Ces soins régionaux sont puissants et secondent le travail du cœur. Amener les huiles essentielles par voie interne peut potentialiser l’efficacité de la voie cutanée, à voir selon l’ancienneté du problème et selon le stade de l’insuffisance veineuse.
Si le cœur est l’organe souverain pour l’équilibre cardio-vasculaire, il est secondé par le foie, qui assure un rôle essentiel dans la circulation sanguine. Ce dernier s’apparente à une « grosse éponge de sang ». Il le filtre, lui donne sa « texture » et sa répartition à la périphérie du corps. Les sujets qui souffrent d’insuffisance veineuse doivent le soutenir régulièrement, en prenant des huiles essentielles à visée drainante et décongestionnante hépatique comme le Citron, le Cyprès de Provence ou encore l’Estragon. Une goutte de chaque sur un support adéquat ou dans une petite cuillère avec un peu d’huile de lin à la fin des repas matin et soir, en cure de 8 à 15 jours. Cette synergie par voie interne peut être associée à la voie locale, cela ne fera que potentialiser son efficacité. Par contre, attention pour les sujets sous médicaments anticoagulants. L’huile essentielle de Citron est contre-indiquée du fait de ses propriétés fluidifiantes sanguines et, par ailleurs, l’huile essentielle de Cyprès de Provence est légèrement œstrogène-like. Elle est donc déconseillée en cas d’antécédent de cancer en rapport avec les hormones.
En médecine classique, la seule façon de traiter les vaisseaux apparents et les varices reste l’électrocoagulation. L’aromathérapie nous offre deux huiles très précieuses pour ce sujet, celle de Lentisque pistachier et celle d’Hélichryse italienne, à tester pendant 2 à 3 mois avant de passer sous le laser. En cas de varices, il est conseillé de rajouter une huile essentielle qui excelle sur les turgescences et la distension des parois vasculaires, celle de Palmarosa. Pour cela, réaliser un sérum concentré dans un flacon de 30 ml muni d’un compte-gouttes capillaire. Mettre 100 gouttes d’huile essentielle en tout à répartir sur les 2 ou 3 huiles essentielles retenues et compléter jusqu’en haut du flacon avec l’huile végétale de Calophylle inophyle. A utiliser localement matin et soir, masser les vaisseaux apparents avec la quantité nécessaire de ce sérum jusqu’à amélioration satisfaisante. Peut être associé au gel jambes lourdes et à un soutien par voie orale également.