Qu'est-ce que la diverticulite ?
La diverticulite est une condition inflammatoire qui affecte les diverticules, des petites poches ou hernies pouvant se former dans la paroi du côlon. Cette affection peut entraîner divers symptômes qui doivent faire l'objet d'un diagnostic de la part d'un médecin.

Sommaire
La diverticulite, une complication de la diverticulose colique
La diverticulose colique est une pathologie fréquente dans les pays industrialisés, notamment en Occident, et sa prévalence augmente avec l’âge. Elle se caractérise par la formation de diverticules, c’est-à-dire de petites hernies localisées dans les zones de faiblesse de la paroi du côlon, généralement situées entre deux "vasa coli". On estime que près de 60 % des personnes âgées de 60 ans présentent des diverticules. Parmi elles, entre 4 % et 25 % développeront des complications, mais seuls 1 % à 2 % devront être hospitalisés. Le taux de récidive ou de persistance des symptômes est évalué à environ 29 %. Les deux complications les plus courantes sont la diverticulite (aussi appelée sigmoïdite), qui représente la grande majorité des cas (85 à 95 %), et l’hémorragie diverticulaire.
C'est quoi des diverticules ?
En anatomie, un diverticule, dérivé du terme latin "diverticulum" signifiant "chemin détourné", est une protubérance d'un organe creux adoptant la forme d'une hernie, d'une poche ou d'un saccule de taille variable, qui se forme vers l'extérieur de l'organe.
C'est quoi le côlon ?
Le côlon est une partie du gros intestin. Le côlon est responsable de l'absorption d'eau et de sels, de la formation des matières fécales, et de leur stockage avant l'élimination par l'anus. Il est divisé en plusieurs sections, dont le côlon ascendant, le côlon transverse, le côlon descendant et le côlon sigmoïde. Les diverticules, mentionnés dans le contexte de la diverticulite, sont de petites poches qui peuvent se former dans la paroi du côlon. En cas d'inflammation de ces diverticules, on parle de diverticulite.
Qu'est-ce qui déclenche une crise de diverticulite ?
En 1917, Telling et Gruner ont émis l'idée que la présence d'aliments non digérés pourrait conduire à une perforation colique adjacente à un diverticule, suggérant ainsi qu'un régime sans résidu pourrait réduire le risque de perforation. Parallèlement, Painter a avancé l'hypothèse que la constipation, en induisant une pression excessive dans le sigmoïde, pourrait être à l'origine de la formation des diverticules. Ces concepts ont contribué à l'intérêt d'un régime sans résidu dans la gestion de la maladie diverticulaire. Cependant, il est important de noter que l'impact de la mollesse colique sur la présence des diverticules n'est pas entièrement élucidé.
Il existe également une relation entre le mode de vie et l'apparition de la pathologie diverticulaire. En 2009, une étude de cohorte a examiné l'association entre l'obésité et la maladie diverticulaire. Plus de 47 000 hommes, tous professionnels de la santé et sans diverticulose initiale, ont été suivis à partir de 1986 pendant une période de 18 ans. Durant cette période, 801 patients ont développé une diverticulite et 282 ont présenté une hémorragie diverticulaire. Les individus avec un indice de masse corporelle (IMC) dépassant 30 kg/m2 présentaient un risque accru de développer une diverticulite. De manière générale, les personnes adoptant un régime occidental avaient non seulement un risque plus élevé de développer des diverticules, mais également une tendance à la diverticulite sigmoïdienne. Par ailleurs, le tabagisme est également identifié comme un facteur favorisant la diverticulite symptomatique.
Quels sont les signes de la diverticulite ?
Les patients souffrant de diverticulite manifestent fréquemment ce symptôme : une douleur abdominale aiguë et persistante, souvent localisée dans le quadrant inférieur gauche. D'autres symptômes possibles incluent la perte d'appétit, la constipation, la nausée, la diarrhée et la dysurie (miction douloureuse ou gênante, généralement accompagnée d'une sensation intense de brûlure). Certains patients peuvent avoir des antécédents de diverticulose ou de diverticulite. Bien que la fièvre soit généralement présente chez les patients atteints de diverticulite (habituellement en dessous de 102 °F [39 °C]), une étude a rapporté que neuf patients sur 62 atteints de diverticulite aiguë étaient apyrétiques. La présence de tachycardie et d'hypotension peut signaler une diverticulite compliquée. L'examen physique révèle que la tendresse dans le seul quadrant inférieur gauche augmente considérablement la probabilité de diverticulite aiguë (rapport de vraisemblance positif = 10,4), tout comme la détection d'une masse palpable et une distension abdominale.
Bien que la douleur à la percussion, la rigidité et l'absence de péristaltisme ne soient pas des indicateurs précis de la diverticulite aiguë, elles peuvent évoquer une péritonite (rapport de vraisemblance positif = 1,6 ; rapport de vraisemblance négatif = 0,4). Un examen rectal peut révéler une sensibilité ou une masse en cas d'abcès pelvien de basse altitude.
Est-ce grave d'avoir des diverticules ?
En règle générale, la diverticulite n'est pas considérée comme une condition grave. Environ 60% des individus atteignant l'âge d'environ 60 ans dans les pays occidentaux présentent des diverticules coliques. Parmi eux, 4 à 25% développeront des complications, et seulement 1 à 2% nécessiteront une hospitalisation. On estime que le taux de persistance des symptômes ou de récidive est de l'ordre de 29%. Les deux principales complications de la diverticulose sont la diverticulite, qui représente 85 à 95% des cas, et l'hémorragie diverticulaire.
Les complications de la diverticulite sont liées à l'aggravation de l'inflammation de la paroi digestive touchée. Cette inflammation induit une fragilité de la paroi, pouvant conduire à une perforation, créant ainsi une ouverture par laquelle le contenu digestif (gaz et matières fécales) peut se répandre dans la cavité abdominale, entraînant dans les cas les plus graves une péritonite généralisée. Une formation d'abcès, avec ou sans perforation, peut également être observée. La présence d'une fistule digestive apparaît le plus souvent ultérieurement, après quelques jours d'évolution, en particulier en cas de prise en charge thérapeutique retardée, non adaptée ou insuffisante. Ces complications peuvent parfois être détectées dès l'examen d'imagerie initial, en particulier chez les patients âgés, diabétiques ou ayant été traités par des anti-inflammatoires.
Comment évalue-t-on la gravité d’une diverticulite ?
Lorsqu’une diverticulite est diagnostiquée, l’enjeu principal est de déterminer si elle est simple ou compliquée, car cela conditionne la prise en charge. Pour guider les médecins, plusieurs classifications existent, dont la plus couramment utilisée est celle de Hinchey, qui repose sur les résultats de l’imagerie (scanner). Elle permet d’estimer la gravité d’une diverticulite compliquée et de proposer un traitement adapté à chaque stade.
Stade I : petit abcès localisé dans la graisse autour du côlon, souvent traité par antibiotiques.
Stade II : abcès plus étendu nécessitant parfois un drainage guidé par imagerie.
Stade III : péritonite purulente, généralement prise en charge par une chirurgie d’urgence.
Stade IV : péritonite stercorale (présence de matières fécales dans le péritoine), la plus grave, également traitée en urgence.
Cette classification est un outil précieux pour orienter rapidement la stratégie thérapeutique, en particulier en cas de complications.
Diverticulite : quoi manger ? Quels aliments sont interdits ?
Des recherches se sont penchées sur l'influence de la consommation de fibres sur la formation des diverticules. Une méta-analyse publiée en 2020 par Aune et ses collaborateurs a évalué l’impact d’un apport élevé en fibres alimentaires sur le risque de développer des diverticules. Les résultats montrent qu’une consommation de 20, 30 ou 40 grammes de fibres par jour réduit ce risque de manière significative — respectivement de 23 %, 41 % et jusqu’à 58 % — comparée à un apport faible de 7,5 grammes par jour.
Il existe pléthore d’aliments riches en fibres que vous pouvez incorporer dans votre régime alimentaire : des fruits frais et secs, des légumes verts et racines, légumineuses, des céréales complètes, oléagineux (noix, amandes) ainsi que graines comme le lin ou le chia.
En ce qui concerne les aliments à éviter, il est recommandé de limiter les aliments raffinés (riz blanc, pâtes, pain blanc) et frits, car pauvres en fibres et plus difficiles à digérer, ce qui augmente la pression sur les diverticules. Certains aliments contenant des graines ou particules dures (comme les noix, le maïs soufflé ou les fruits à pépins) peuvent, chez certaines personnes sensibles, irriter la paroi du côlon et favoriser les poussées de diverticulite.
Pour aller plus loin sur l'alimentation en cas de diverticulite, consultez notre article dédié : Quelle alimentation adopter quand on souffre de diverticulite ?
Comment prévenir la diverticulose et la diverticulite ?
Pour réduire le risque de développer la diverticulose et la diverticulite, il est crucial d’adopter des habitudes de vie qui favorisent une bonne santé intestinale. Voici quelques recommandations pratiques :
Maintenir une alimentation équilibrée et variée : Assurez-vous que votre régime alimentaire soit riche en nutriments essentiels pour soutenir la santé digestive. Favorisez les aliments non transformés et privilégiez ceux qui apportent des vitamines et minéraux nécessaires pour le bon fonctionnement du système digestif.
Augmenter progressivement la consommation de fibres : Bien que les fibres soient importantes, une augmentation rapide peut parfois provoquer des inconforts. Introduisez-les progressivement dans votre alimentation pour permettre à votre système digestif de s’adapter.
Boire suffisamment d’eau : L’hydratation est essentielle pour soutenir le processus de digestion et aider les fibres à passer efficacement à travers le système digestif. Veillez à boire de l'eau tout au long de la journée.
Inclure des aliments fermentés : Les aliments fermentés, comme le yaourt, le kéfir et la choucroute, peuvent favoriser un microbiote intestinal sain, ce qui est bénéfique pour la prévention des troubles digestifs.
Consommer des sources de protéines maigres : Les protéines jouent un rôle dans la réparation et le maintien des tissus. Optez pour des sources de protéines maigres comme le poisson, la volaille et les protéines végétales pour soutenir la santé digestive.
Éviter les habitudes alimentaires néfastes : Réduisez la consommation d’aliments riches en graisses saturées et en sucres ajoutés, qui peuvent nuire à la santé intestinale. Préférez des méthodes de cuisson saines comme la vapeur, la cuisson au four ou le grill.
En intégrant ces pratiques dans votre quotidien, vous pourrez mieux soutenir la santé de votre côlon et réduire les risques associés à la diverticulose et à la diverticulite. N'oubliez pas de consulter un professionnel de santé pour des conseils personnalisés adaptés à vos besoins spécifiques.
Comment soigner une crise de diverticules ? Quels traitements ?
La diverticulite est aujourd’hui le plus souvent traitée en ambulatoire, notamment dans les formes simples. Ce traitement repose généralement sur un régime liquide clair, des antibiotiques oraux et un suivi rapproché sous deux à trois jours. Toutefois, certains facteurs comme le sexe féminin ou la présence de liquide libre à l’imagerie peuvent augmenter le risque d’échec du traitement ambulatoire. En cas de signes de gravité (péritonite, suspicion de diverticulite compliquée), une hospitalisation est indiquée avec jeûne, réhydratation intraveineuse et antibiothérapie intraveineuse.
Les dernières recommandations remettent en question l’usage systématique des antibiotiques pour les diverticulites non compliquées, suggérant qu’un traitement purement symptomatique peut suffire dans certains cas. Lorsqu’une antibiothérapie est initiée par voie intraveineuse, une transition précoce vers la voie orale peut réduire la durée d’hospitalisation sans accroître le risque de récidive.
En cas de non-réponse au traitement médical, des examens d’imagerie (scanner abdomino-pelvien en première intention) permettent d’évaluer une possible complication. L’échographie ou l’ASP peuvent aussi être utilisés, bien que moins précis. La coloscopie peut être proposée secondairement pour compléter l’évaluation. Par ailleurs, en cas de complications (abcès, péritonite), les interventions chirurgicales classiques tendent à être remplacées par des techniques mini-invasives comme le drainage percutané ou le lavage péritonéal. Ces nouvelles approches illustrent l’évolution vers des prises en charge plus ciblées, moins invasives, et mieux adaptées à chaque profil de patient.
Combien de temps dure une crise de diverticulite ?
La durée d'une crise de diverticulite peut varier d'une personne à l'autre, mais en général, elle peut durer de quelques jours à plusieurs semaines. Les symptômes aigus tels que douleurs abdominales sévères, fièvre, nausées, vomissements, et changements dans les habitudes intestinales peuvent être présents pendant la crise. Le traitement médical, qui peut inclure des antibiotiques, des analgésiques, et parfois une hospitalisation, vise à soulager les symptômes et à prévenir les complications. Dans les cas plus graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Après le traitement, la récupération peut prendre quelques semaines, et il est important de suivre les conseils médicaux pour éviter les récidives.
Zoom sur notre rédacteur : Gipsy Dauge

Gipsy est diplômée de l’ESJ Paris. Après 10 ans d’expérience en presse généraliste et féminine, elle a décidé de s’orienter vers l’écriture de sujets santé et bien-être. Une certification de yin yoga en poche, elle marie désormais habilement la plume à son tapis de yoga. Son objectif va bien au-delà des simples mots. Son engagement est profond : aider les lecteurs à intégrer au quotidien de petites astuces qui les aident à prendre soin d'eux-mêmes et de leur environnement. Chaque mot est une invitation à adopter un mode de vie équilibré et épanouissant.
Article publié le 11 janvier 2024
Bibliographie
1
Diverticulite sigmoïdienne: Rapport présenté au 124e Congrès français de chirurgie 2022
https://books.google.fr/books?id=GcKrEAAAQBAJ&newbks=1&newbks_redir=0&dq=diverticulite&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
2
Traitement de la diverticulite aiguë sigmoïdienne : revue de la littérature
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0755498215003760
3
Diagnosis and Management of Acute Diverticulitis
https://www.aafp.org/pubs/afp/issues/2013/0501/p612.html?utm_medium=email&utm_source=transaction
4
Dietary fibre intake and the risk of diverticular disease: a systematic review and meta-analysis of prospective studies
Aune D, Sen A, Norat T, Riboli E. ; Eur J Nutr. 2020 Mar;59(2):421-432. doi: 10.1007/s00394-019-01967-w. Epub 2019 Apr 29. PMID: 31037341; PMCID: PMC7058673.
Comment se produit la diverticulite ?
La diverticulite (appelée également sigmoïdite) survient lorsque l'obstruction d'un diverticule est causée par un fécalithe. Cette obstruction est susceptible de provoquer une irritation de la muqueuse, entraînant une inflammation locale, un œdème et un blocage de la lumière du diverticule. La pathogénie précise de la diverticulite demeure encore mal comprise, et il est probable qu'elle soit influencée par plusieurs facteurs.