Incontinence Urinaire : Causes et symptômes

Les pertes involontaires d’urine peuvent surprendre et instaurer une véritable gêne dans la vie quotidienne. De nombreuses personnes y font face un jour ou l’autre, hommes ou femmes confondus. L’incontinence urinaire recouvre divers mécanismes dont l’intensité varie considérablement d’un individu à l’autre. Certains la remarquent lors d’un simple éternuement, tandis que d’autres la vivent de manière plus marquée lors d’activités physiques. Divers facteurs – liés à l’âge, à la grossesse ou à des problèmes de santé – entrent en jeu.

Par Stéphanie Le Guillou
Mis à jour le 22/04/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu’est-ce que l’incontinence urinaire ?

L’incontinence urinaire correspond à l’incapacité partielle ou totale à contrôler l’émission d’urine. Cette définition recouvre différentes formes, dont certaines se manifestent lors d’un effort physique (on parle alors d’incontinence urinaire d’effort), et d’autres surviennent même lorsque la vessie semble à peine pleine. Sur un plan médical, cette perte incontrôlée d’urine s’explique souvent par un dysfonctionnement du sphincter urétral, un relâchement des muscles du plancher pelvien ou encore une hypersensibilité de la vessie. Plusieurs types d’incontinence existent : l’incontinence d’effort, l’incontinence par impériosité et l’incontinence mixte, qui combine les deux précédentes. L’incontinence d’effort se produit lorsqu’une pression s’exerce sur l’abdomen (toux, rire, port de charges lourdes). L’incontinence par impériosité, elle, se caractérise par un besoin soudain et difficile à maîtriser d’uriner. Enfin, l’incontinence mixte associe des symptômes des deux formes citées. Sur le plan physiologique, un ensemble de muscles, de ligaments et de nerfs veille à la bonne retenue de l’urine. Lorsque ce système est affaibli ou sollicité de manière excessive, le contrôle de la miction se trouble. Un diagnostic précis, réalisé par un professionnel de santé, aide à déterminer la forme d’incontinence rencontrée et oriente les solutions appropriées.

Qu'est ce qui provoque les fuites urinaires chez la femme ? Chez l’homme ?

Les origines de la fuite urinaire diffèrent selon le sexe, même si certains facteurs restent communs.

Causes communes chez la femme et chez l'homme

  • Les pathologies neurologiques : des lésions nerveuses (traumatismes médullaires, maladies neurodégénératives) peuvent perturber le contrôle de la vessie.

  • L’obésité et le surpoids : un excès de poids augmente la pression abdominale et peut altérer la fonction vésicale.

  • Le vieillissement : avec l’âge, les muscles pelviens faiblissent, ce qui peut aboutir à des problèmes de continence.

  • Les efforts physiques intenses : le sport de haut niveau ou le port de charges lourdes sur de longues périodes peut fragiliser le soutien pelvien.

  • Les facteurs génétiques : certaines personnes ont un tissu conjonctif moins résistant, entraînant un risque accru d’incontinence.

Causes chez la femme

  • Les grossesses multiples : le poids du fœtus exerce une pression sur le plancher pelvien, ce qui peut altérer son élasticité.

  • La ménopause : la baisse d’œstrogènes diminue la tonicité des tissus pelviens, rendant parfois la maîtrise de la vessie plus délicate

Causes chez l’homme

Les troubles de la prostate : une hypertrophie ou une chirurgie de la prostate peut provoquer une lésion des sphincters et déclencher des fuites d’urine.

Quels sont les symptômes associés ?

Ci-dessous une liste des symptômes les plus communs. Chacun peut varier en intensité selon le type de fuite urinaire et le profil de la personne concernée.

  • Envies soudaines d’uriner : certains ressentent un besoin impérieux d’aller aux toilettes, accompagné d’une incapacité à se retenir assez longtemps.

  • Fuites lors d’un effort : un simple éternuement, un éclat de rire ou un saut peut suffire à provoquer une légère perte d’urine.

  • Sensation de vessie pleine même après la miction : elle traduit parfois une hyperactivité vésicale ou une mauvaise vidange de la vessie.

  • Gêne et irritations cutanées : le contact prolongé de l’urine avec la peau entraîne parfois des rougeurs ou des inconforts, surtout si les protections ne sont pas changées régulièrement.

  • Difficultés à démarrer la miction : certaines personnes doivent patienter avant que l’urine ne s’écoule, situation pouvant souligner un déséquilibre du sphincter ou un obstacle anatomique.

  • Envies fréquentes la nuit (nycturie) : les réveils nocturnes pour uriner affectent la qualité du sommeil et signalent parfois une hyperactivité du détrusor (muscle de la vessie).

La présence de l’un ou de plusieurs de ces signes doit inciter à consulter un professionnel de santé, qui évaluera l’état du plancher pelvien et recherchera d’éventuels troubles sous-jacents.

Femmes enceintes : quel est le lien entre les fuites urinaires et la grossesse ? Et après l'accouchement ?

Chez la femme enceinte, l’utérus grandit progressivement, ce qui pèse sur la vessie et exerce une pression non négligeable sur les muscles pelviens. Au fil des mois, le sphincter urétral peut se relâcher légèrement, favorisant ainsi la fuite urinaire. De plus, les variations hormonales modifient la qualité des tissus conjonctifs et musculaires, réduisant parfois leur tonicité globale.

Après l’accouchement, certaines femmes constatent un maintien de ces fuites, surtout si l’épisode obstétrical a comporté un travail prolongé ou la nécessité d’une assistance instrumentale (forceps, ventouse). Dans de nombreux cas, la rééducation périnéale, souvent proposée en post-partum, améliore le contrôle urinaire et limite les risques de récidive. Par ailleurs, l’avis d’un kinésithérapeute spécialisé ou d’une sage-femme contribue à renforcer le plancher pelvien et à assurer une meilleure stabilité vésicale.

Quels sont les traitements médicaux ?

Une évaluation clinique approfondie est nécessaire. Le professionnel de santé recherche le type d’incontinence, l’intensité des fuites et les potentielles causes déclenchantes (hypertrophie de la prostate, antécédents chirurgicaux, obésité, etc.). Un examen d’imagerie ou un bilan urodynamique peuvent être envisagés pour préciser le diagnostic. En fonction des résultats, diverses prises en charge peuvent être proposées :

  • La rééducation périnéale (kinésithérapie ou exercices de Kegel), qui tonifie les muscles du plancher pelvien.

  • Les traitements médicamenteux, prescrits sous réserve qu’un spécialiste valide la présence d’une hyperactivité vésicale ou d’autres facteurs organiques précis.

  • Dans certains cas, une approche chirurgicale est envisagée, comme la mise en place d’une bandelette sous-urétrale chez la femme ou un soutien sphinctérien chez l’homme.

Les médecins insistent souvent sur la nécessité d’adopter des habitudes de vie saines : réduction de la consommation d’excitants (café, thé, alcool), contrôle du poids et activité physique régulière constituent un socle d’actions préventives et thérapeutiques.

Quelle routine adopter pour prévenir l’incontinence urinaire ?

Certaines habitudes, mises bout à bout, renforcent jour après jour le contrôle vésical et limitent le risque de fuite urinaire. Vous trouverez ci-dessous une proposition de routine : 

  1. Au lever : pratiquer quelques exercices de respiration profonde, en inspirant par le nez et en gonflant légèrement le ventre. Expirer lentement par la bouche. Cette routine initiale contribue à détendre l’esprit et à débuter la journée sans tension excessive.

  2. Avant le petit-déjeuner : effectuer quelques contractions du périnée (exercices de Kegel), en contractant les muscles du plancher pelvien sur 5 secondes, puis en relâchant 5 secondes. Faire 10 répétitions successives, plusieurs fois par semaine.

  3. Boire de l’eau tout au long de la matinée : privilégier une hydratation régulière et fractionnée, plutôt qu’une absorption massive d’un seul coup. Éviter un excès de boissons stimulantes (café, thé fort) pour ne pas accentuer le phénomène de diurèse.

  4. En fin de matinée : réaliser un auto-massage doux autour de la zone lombaire ou du bas-ventre, si aucun antécédent allergique n’existe. Ce moment de pause peut aider à prendre conscience de sa posture.

  5. Pendant le déjeuner : consommer des aliments riches en fibres (légumes verts, céréales complètes) afin de limiter la constipation, qui peut aggraver la fuite urinaire en augmentant la pression intra-abdominale.

  6. Après-midi : prendre le temps de faire des pauses régulières, notamment si le travail impose la station assise prolongée. Se lever toutes les heures, étirer les jambes et mobiliser le bassin.

  7. Fin de journée : pratiquer une marche d’une vingtaine de minutes pour activer la circulation et maintenir un poids stable. L’excès pondéral constitue souvent un facteur aggravant de l’incontinence.

  8. Soirée : limiter l’apport liquidien trop proche du coucher. Si possible, stopper la prise de boissons 2 heures avant d’aller au lit, afin de diminuer les risques de réveils nocturnes.

  9. Avant de dormir : effectuer une courte séance de relaxation, par exemple quelques respirations profondes ou 5 minutes de méditation. Cette phase prépare le corps à la nuit et favorise un meilleur équilibre psycho-émotionnel.

Précautions d’usage

Aucune automédication ne doit retarder une consultation médicale : persister dans l’autogestion de la fuite urinaire sans avis professionnel peut entraîner une aggravation des symptômes ou la découverte tardive d’un trouble sous-jacent.

Conseil de l’expert

La prise en charge de la fuite urinaire exige une approche à la fois globale et personnalisée. Comprendre ses causes personnelles, identifier les situations qui l’accentuent et envisager des solutions naturelles complémentaires aux recommandations médicales est un ensemble cohérent, propice à l’amélioration du quotidien. Sur le plan préventif, la régularité des exercices de renforcement du périnée, alliée à une hygiène de vie saine, se révèle déterminante pour soutenir le bon fonctionnement de la vessie.

En savoir plus

Les exercices de Kegel sont-ils vraiment efficaces contre la fuite urinaire ?

De nombreuses études scientifiques soulignent l’intérêt des exercices de Kegel dans la tonicité du plancher pelvien. Ces mouvements ciblent spécifiquement les muscles soutenant la vessie, l’utérus et le rectum. Bien exécutés, ils renforcent la capacité à se retenir lors d’un effort ou d’un besoin pressant. Une pratique régulière, sous la supervision d’un kinésithérapeute, optimise leurs effets et réduit considérablement les pertes urinaires légères à modérées.

Quelle quantité de liquide peut-on boire sans aggraver l’incontinence ?

Il n’est pas conseillé de se priver d’eau par crainte de déclencher une fuite urinaire. Il est recommandé de répartir la consommation d’eau sur la journée, selon la soif et l’activité physique. En général, entre 1,5 et 2 litres de liquides (eau, bouillons, tisanes) suffisent chez l’adulte en bonne santé. Toutefois, chaque cas varie, et un conseil médical s’avère pertinent pour adapter les apports hydriques si nécessaire.

Peut-on guérir définitivement de l’incontinence urinaire ?

Tout dépend de la cause et du type d’incontinence. Dans de nombreux cas, un programme de rééducation adéquat, associé à un changement d’habitudes de vie (contrôle du poids, exercices musculaires, réduction des excitants), permet de réduire drastiquement les symptômes, voire de les faire disparaître. Pour certaines personnes, une prise en charge chirurgicale ou des traitements médicamenteux adaptés contribuent à un net soulagement à long terme. Toutefois, seul un avis spécialisé permet de déterminer le plan d’action le plus approprié.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

1

ameli.fr. Incontinence urinaire : mécanisme, fréquence et causes. Février 2025.

2

ameli.fr. Le traitement de l'incontinence urinaire. Février 2025.