Probiotiques et immunité : quel est le lien ?

Aujourd'hui, il est de plus en plus reconnu que la santé intestinale joue un rôle important dans le maintien de notre immunité. Les probiotiques, ces micro-organismes vivants présents dans notre alimentation et sous forme de compléments alimentaires, sont souvent vantés pour leur capacité à soutenir nos mécanismes de défense. Mais comment fonctionnent-ils réellement, et peuvent-ils vraiment nous aider à combattre les infections ? Explorons ensemble les liens entre probiotiques et immunité.

Par La rédaction Aroma-Zone
Mis à jour le 28/01/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce que la flore intestinale ?

La flore intestinale, également appelée microbiote intestinal, est un ensemble complexe de micro-organismes qui peuplent notre tube digestif. Ce microbiote est composé d'espèces bactériennes, de levures, devirus et d'autres micro-organismes, qui cohabitent en équilibre. On estime que le corps humain abrite environ 100 000 milliards de bactéries, dont la majorité réside dans les intestins. La flore intestinale est impliquée dans de nombreux processus vitaux, tels que la digestion, la synthèse de certaines vitamines (comme la vitamine K), la protection contre les agents pathogènes et la modulation du système immunitaire. Un déséquilibre de cette flore, appelé dysbiose, peut entraîner des troubles digestifs, mais aussi affaiblir l’immunité.

Que sont les probiotiques ?

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, principalement des bactéries et des levures, qui, lorsqu'ils sont consommés en quantités adéquates, confèrent un bénéfice pour la santé. Ils sont présents naturellement dans certains aliments fermentés, tels que le yaourt, le kéfir, la choucroute, ainsi que dans des compléments alimentaires. On retrouve surtout les bactéries du genre Lactobacillus et Bifidobacterium, ainsi que la levure Saccharomyces boulardii. Ces souches sont les plus couramment utilisées et étudiées pour leurs effets sur la santé.

Qu'est ce que l'immunité ?

L'immunité est le système de défense naturel de notre organisme contre les infections. Elle nous permet de résister aux attaques de pathogènes, comme les virus, les bactéries et les champignons, tout en préservant l'intégrité des tissus corporels.

On distingue plusieurs niveaux de défense dans notre système immunitaire. L’immunité innée est la première ligne de défense, immédiate et non spécifique. Elle repose sur des cellules telles que les macrophages et les cellules dendritiques, qui repèrent et détruisent rapidement les agents pathogènes.

Plus spécifique et plus lente à s’activer, l’immunité adaptative repose sur les lymphocytes T et B. Ces cellules sont capables de reconnaître spécifiquement les antigènes des pathogènes et de produire des anticorps pour les neutraliser. De plus, l'immunité adaptative a une "mémoire", ce qui permet une réponse plus rapide et efficace lors d'une nouvelle exposition au même agent pathogène.

Quelle est la relation entre microbiote et système immunitaire ?

Le microbiote intestinal joue un rôle essentiel dans la modulation du système immunitaire. La majorité des cellules immunitaires sont localisées dans les tissus associés à l'intestin, tels que les plaques de Peyer. Il est donc logique que les micro-organismes qui peuplent nos intestins influencent directement notre capacité à nous défendre contre les infections.

Premièrement, le microbiote agit comme une barrière, empêchant les agents pathogènes de coloniser l’intestin en occupant l’espace disponible et en produisant des substances antimicrobiennes. Deuxièmement, certaines bactéries bénéfiques peuvent stimuler l’immunité innée en activant des récepteurs spécifiques, appelés récepteurs Toll-like, présents sur les cellules immunitaires. Cela déclenche la production de cytokines, des molécules qui orchestrent la réponse immunitaire. Troisièmement, un microbiote équilibré permet également d'induire une tolérance immunitaire, c’est-à-dire que le système immunitaire apprend à tolérer les bactéries bénéfiques tout en restant vigilant face aux agents pathogènes.

Quelles sont les situations où l'immunité faiblit chez l'adulte ?

Des baisses de l'immunité peuvent survenir pour diverses raisons, augmentant ainsi la susceptibilité aux infections. Le stress chronique est un exemple notable ; il perturbe l'équilibre hormonal et peut diminuer la réponse immunitaire en réduisant la production de cytokines essentielles, des molécules clés dans la coordination de la lutte contre les infections. 

En parallèle, la qualité de l'alimentation joue un rôle central. Un régime alimentaire pauvre en nutriments essentiels affaiblit le système immunitaire. Les carences en vitamines et minéraux, comme la vitamine C, le zinc et le fer, sont particulièrement délétères car elles compromettent la capacité du corps à produire des anticorps et à maintenir une immunité cellulaire efficace.

Le manque de sommeil influence également la santé immunitaire. La régénération des cellules immunitaires, essentielle pour un système de défense robuste, est significativement réduite lorsqu'on ne dort pas assez, entraînant une diminution de l'activité des lymphocytes, des cellules clés de la réponse immunitaire.

L'âge est un autre facteur qui peut compromettre l'immunité. Avec le temps, l’immunité adaptative devient moins efficace et la production de nouvelles cellules immunitaires ralentit, rendant les individus plus vulnérables aux infections.

Enfin, certaines maladies chroniques peuvent affaiblir le système immunitaire. De plus, les traitements médicaux tels que la chimiothérapie peuvent également réduire temporairement l’efficacité du système immunitaire, exposant davantage les patients à des risques d'infections.

Quels sont les bienfaits de prendre des probiotiques ?

Un apport de probiotiques peut avoir plusieurs bénéfices sur la santé immunitaire, particulièrement en rééquilibrant la flore intestinale et en stimulant certaines fonctions immunitaires :

  • Amélioration de la barrière intestinale : Les probiotiques favorisent la production de mucus intestinal et renforcent les jonctions serrées entre les cellules de l'intestin, réduisant ainsi la perméabilité intestinale et empêchant les pathogènes de pénétrer dans la circulation sanguine.

  • Stimulation des cellules immunitaires : Certaines souches de probiotiques peuvent augmenter l’activité des macrophages et des cellules dendritiques, favorisant ainsi une meilleure réponse immunitaire.

  • Effet anti-inflammatoire : Les probiotiques peuvent moduler la production de cytokines pro-inflammatoires, ce qui est particulièrement utile pour prévenir les maladies inflammatoires chroniques.

  • Réduction des infections respiratoires : Des études montrent que la consommation régulière de probiotiques peut réduire la fréquence et la durée des infections respiratoires, notamment les rhumes et la grippe, en renforçant les défenses naturelles.

Comment favoriser la présence de probiotiques ?

Voici une liste des différents moyens permettant de favoriser la présence de probiotiques :

  1. Adopter une alimentation riche en aliments fermentés : Consommer régulièrement des yaourts, du kéfir, du miso, de la choucroute, du kimchi, et des légumes fermentés qui apportent des probiotiques naturels.

  2. Inclure des fromages affinés dans l'alimentation : Certains fromages comme le gouda et le cheddar contiennent des probiotiques vivants bénéfiques pour la santé intestinale.

  3. Opter pour des compléments alimentaires probiotiques : Choisir des compléments contenant des souches spécifiques telles que Lactobacillus et Bifidobacterium, avec une concentration d’au moins 10 milliards de CFU (Unités Formant Colonies) par dose.

  4. Prendre des compléments prébiotiques en parallèle : Les prébiotiques, présents dans certains compléments, nourrissent et stimulent la croissance des probiotiques dans l'intestin.

  5. Éviter les excès de sucre et d'alcool : Ces substances perturbent l'équilibre du microbiote et diminuent l'efficacité des probiotiques.

  6. Limiter la consommation d'aliments ultra-transformés : Ceux-ci peuvent nuire à la diversité et à la présence des probiotiques dans l'intestin.

  7. Gérer le stress : Le stress peut affecter la composition du microbiote intestinal, et indirectement, la présence de probiotiques.

Dans quels cas une supplémentation en probiotique est-elle intéressante ?

Une supplémentation en probiotiques peut être intéressante dans plusieurs cas :

Après une prise d'antibiotiques : Les antibiotiques détruisent non seulement les bactéries pathogènes, mais aussi les bonnes bactéries du microbiote. Les probiotiques aident à restaurer l'équilibre intestinal.

En cas de troubles digestifs : Des pathologies comme le syndrome de l'intestin irritable, la diarrhée, la constipation ou les ballonnements peuvent bénéficier de l'apport de probiotiques qui rééquilibrent la flore intestinale.

Lors d'infections récurrentes : Les probiotiques renforcent le système immunitaire et peuvent réduire la fréquence des infections, notamment respiratoires et urinaires.

En cas d'allergies ou d'intolérances alimentaires : Les probiotiques contribuent à moduler les réponses immunitaires, ce qui peut atténuer les réactions allergiques ou les intolérances.

Pendant une période de stress : Le stress affecte le microbiote. Les probiotiques peuvent rétablir l’équilibre intestinal perturbé.

Il est conseillé de consulter un professionnel avant de commencer une supplémentation.

Quels sont les meilleurs rituels pour booster son immunité naturellement ?

Outre la prise de probiotiques, adopter certains rituels quotidiens peut grandement contribuer à maintenir et renforcer votre système immunitaire. Un mode de vie sain agit en synergie pour offrir un soutien durable à vos défenses naturelles.


Avoir une alimentation variée, équilibrée et riche en antioxydants

  • Les fruits et légumes colorés, comme les baies, les agrumes, les épinards ou le brocoli, sont des sources essentielle de vitamines essentielles (notamment les vitamines C et A) et en antioxydants, qui aident à neutraliser les radicaux libres, des molécules pouvant endommager les cellules immunitaires. Ils sont également riches en fibres prébiotiques, qui font grandir les probiotiques. 

  • Les noix et graines (noix de cajou, amandes, graines de chia, etc.) fournissent des minéraux tels que le zinc et le sélénium, deux oligo-éléments cruciaux pour le bon fonctionnement du système immunitaire.

  • Les acides gras oméga-3, présents dans les poissons gras (saumon, maquereau) et les huiles végétales (lin, colza), ont des propriétés anti-inflammatoires, essentielles pour limiter les réactions immunitaires excessives.



Faire de l'exercice régulièrement

  • L’activité physique modérée, comme la marche rapide, la natation ou le vélo, stimule non seulement la circulation sanguine mais aussi la circulation lymphatique. Ce double effet permet aux cellules immunitaires (comme les lymphocytes et les macrophages) de circuler plus efficacement et de mieux détecter et éliminer les agents pathogènes.

  • Il est recommandé de pratiquer au moins 150 minutes d'exercice modéré par semaine.



Avoir un Sommeil réparateur

  • Le sommeil est un temps de réparation et de régénération pour le corps. Pendant les phases profondes du sommeil, le système immunitaire se réorganise et produit des cytokines, des molécules qui régulent la réponse immunitaire. Un manque chronique de sommeil peut entraîner une diminution de la production de ces cytokines, affaiblissant ainsi les défenses naturelles.

  • Pour un sommeil réparateur, il est conseillé de respecter un cycle de 7 à 8 heures par nuit, dans une pièce sombre, calme et à une température confortable.



Savoir gérer son stress

  • Le stress chronique est l’un des ennemis les plus sournois du système immunitaire. En produisant du cortisol en continu, l’organisme peut voir ses défenses naturelles diminuées, le cortisol inhibant certaines fonctions immunitaires. Des techniques de relaxation comme la méditation pleine conscience, la respiration profonde, ou encore des activités telles que le yoga et le tai-chi, sont efficaces pour réduire le niveau de cortisol dans le sang.

  • Des études montrent que même quelques minutes par jour de pratique de relaxation peuvent améliorer la réponse immunitaire et réduire l'inflammation systémique.



S’hydrater suffisamment

  • L'eau est indispensable pour le bon fonctionnement de toutes les cellules, y compris celles du système immunitaire. Une bonne hydratation aide également à maintenir l’humidité des muqueuses, comme celles du nez, première ligne de défense contre les agents pathogènes. En plus de soutenir la fonction des cellules immunitaires, l’hydratation permet d’éliminer les toxines accumulées et favorise le bon fonctionnement des reins et du foie, qui participent à la détoxification de l’organisme.

  • Il est recommandé de boire environ 1,5 à 2 litres d’eau par jour, en fonction de l’activité physique et des conditions climatiques. Les tisanes, bouillons et fruits riches en eau (pastèque, concombre) sont également de bonnes options pour s’hydrater.



Prendre de la vitamine D

  • La vitamine D joue un rôle clé dans l'activation des lymphocytes T, des cellules essentielles à la réponse immunitaire adaptative. Une carence en vitamine D peut rendre le système immunitaire moins réactif face aux infections.

  • En plus de l’exposition modérée au soleil (environ 15 à 20 minutes par jour sur les bras et le visage), il est possible de se procurer cette vitamine via des aliments comme les poissons gras, les jaunes d'œufs, et certains produits laitiers enrichis. En période hivernale ou en cas de faible exposition solaire, la supplémentation peut être recommandée, notamment dans les pays où le soleil se fait rare plusieurs mois par an.

Probiotiques : Quelles précautions à prendre ?

Bien que les probiotiques soient généralement considérés comme sûrs, il est important de prendre certaines précautions :

Consulter un professionnel de santé : Avant d'initier une prise de probiotiques, surtout en cas de maladie sous-jacente ou si vous prenez d'autres médicaments, il est préférable de consulter un professionnel de santé.

Respecter les doses recommandées : Une surconsommation de probiotiques peut provoquer des déséquilibres et des effets secondaires.

S'assurer de la qualité du produit : Choisissez des produits contenant des souches spécifiques, validées par des études scientifiques, et dont la viabilité des bactéries est garantie jusqu'à la date de péremption.

Conseil de l'expert

Pour booster son immunité, il faut avant tout avoir un mode de vie sain et une alimentation équilibrée. La nature, avec sa variété et de fruits et de légumes, contient tout ce dont nous avons besoin ! Cependant, un complément de probiotiques peut apporter un bénéfice supplémentaire durant la période hivernale par exemple.

En savoir plus

Quels sont les inconvénients possibles des probiotiques ?

Malgré leurs effets bénéfiques, les probiotiques peuvent parfois entraîner des effets secondaires, bien que ces derniers soient généralement bénins :

  • Ballonnements et gaz : Ces symptômes peuvent survenir lors des premiers jours de prise, car le microbiote s’adapte à l’arrivée des nouvelles bactéries.

  • Infections : Dans de rares cas, notamment chez les personnes immunodéprimées, certaines souches de probiotiques peuvent causer des infections opportunistes.

  • Réactions allergiques : Bien que rare, une réaction allergique à certains composants des probiotiques est possible, surtout chez les personnes sensibles.

Peut-on donner des probiotiques aux enfants pour renforcer leur immunité ?

Des compléments alimentaires à base de probiotiques peuvent être bénéfiques pour renforcer l'immunité des enfants, notamment en soutenant leur microbiote intestinal, encore en développement. Des souches comme Lactobacillus rhamnosus GG ou Bifidobacterium lactis ont montré leur capacité à réduire les infections respiratoires et gastro-intestinales. De plus, certaines études suggèrent que les probiotiques pourraient prévenir certaines allergies alimentaires et diminuer les risques d’eczéma.

Cependant, il est essentiel de consulter un pédiatre pour avis médical avant de les administrer, surtout chez les enfants immunodéprimés ou atteints de maladies chroniques. Les formes adaptées (gouttes, poudres) et les doses journalières appropriées doivent être respectées. Bien que les probiotiques soient généralement sans danger, ils ne remplacent pas un suivi médical en cas d'infections fréquentes.

Zoom sur notre rédactrice pharmacienne et docteure en biologie moléculaire, Stéphanie LE GUILLOU

Stéphanie est pharmacienne (depuis 2010) et docteure en biologie moléculaire (depuis 2012). Passionnée de rédaction, elle écrit des contenus médicaux depuis près de 15 ans. Son objectif est de rendre accessible et compréhensible les informations, sans jamais perdre en justesse scientifique.

Bibliographie

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Novembre 2008.