Cystite et cranberry : Un remède naturel efficace ?

Vous souffrez de cystites à répétition ? Cette inflammation de la vessie, aussi fréquente que douloureuse, touche principalement les femmes et perturbe fortement le quotidien. Face à ces désagréments, la cranberry (ou canneberge) est souvent citée comme une alliée naturelle de taille. Mais qu’en est-il vraiment de ce petit fruit rouge ? Est-il vraiment efficace pour prévenir ou soulager les cystites ? Dans cet article, nous faisons le point sur les causes et les symptômes de la cystite, les approches naturelles disponibles, et le rôle spécifique que peut jouer la cranberry dans la prévention de ces infections.

Par Stéphanie Catrysse
Mis à jour le 23/04/2025 Temps de lecture : +4 min.

Qu'est-ce qu'une cystite ?

La cystite désigne une inflammation de la vessie, le plus souvent d’origine infectieuse. Dans la grande majorité des cas, elle résulte de la prolifération de bactéries, principalement Escherichia coli, dans les voies urinaires basses. Cette infection se manifeste par des troubles urinaires typiques et, en l’absence de prise en charge, peut évoluer vers une atteinte des reins.

La cystite concerne surtout les femmes, en raison de particularités anatomiques : l’urètre est plus court que chez les hommes et plus proche de l’anus, ce qui facilite la remontée des germes vers la vessie.

On distingue plusieurs formes : la cystite simple, généralement bénigne ; la cystite récidivante, définie par au moins trois épisodes par an ; et la cystite compliquée, qui survient dans un contexte particulier (grossesse, fièvre, anomalies urinaires) et nécessite une prise en charge médicale rapide.

Quelles en sont les causes ?

La cystite peut résulter de plusieurs facteurs, parfois combinés. Mieux connaître les causes permet de réduire le risque de récidives et d'adopter les bons réflexes au quotidien.

Une infection bactérienne ascendante : Dans la majorité des cas, la cystite est causée par Escherichia coli, une bactérie naturellement présente dans le tube digestif. Elle remonte par l’urètre jusqu’à la vessie, où elle peut se multiplier si le terrain est favorable.

Une hygiène intime inadaptée : L’utilisation de produits trop agressifs, de savons parfumés ou la pratique de douches vaginales fragilise la flore vaginale protectrice. Un excès d’hygiène peut perturber l’équilibre local, rendant l’environnement plus propice à la prolifération bactérienne. Une toilette insuffisante ou inappropriée après les selles peut également favoriser la migration des germes intestinaux vers l’urètre.

Les rapports sexuels : La friction mécanique peut faciliter la remontée des bactéries de la zone périnéale vers la vessie, surtout en l’absence de miction post-coïtale (uriner après un rapport). Certaines positions ou pratiques peuvent également favoriser les infections urinaires.

Le port de vêtements inadaptés : Les sous-vêtements synthétiques ou les pantalons trop serrés retiennent chaleur et humidité dans la zone intime. Cet environnement favorise la prolifération de bactéries potentiellement pathogènes.

La constipation chronique : Un transit intestinal ralenti peut provoquer une compression sur la vessie et favoriser la stagnation urinaire. De plus, la présence prolongée de selles dans le rectum augmente le risque de contamination bactérienne de la zone uro-génitale.

Les modifications hormonales : La ménopause, en particulier, entraîne une baisse des œstrogènes, responsable d’un amincissement des muqueuses vaginales et urinaires. Cette fragilité réduit leur capacité naturelle à se défendre contre les germes. La grossesse, quant à elle, modifie la dynamique urinaire en raison des bouleversements hormonaux et de la pression exercée par l’utérus sur la vessie.

Une hydratation insuffisante : Une consommation d’eau trop faible entraîne une urine plus concentrée, irritante pour les parois de la vessie. Elle favorise également la stagnation de l’urine, ce qui augmente le risque d’infection.

La stagnation et le rétention urinaires : Une vessie mal vidée ou des mictions trop espacées laissent le temps aux bactéries de se multiplier. 

L’usage de spermicides ou de certains médicaments : Certains agents chimiques, comme les spermicides, modifient le pH vaginal et perturbent la flore protectrice. D’autres traitements (chimiothérapie, radiothérapie pelvienne) peuvent aussi altérer la muqueuse vésicale et favoriser l’apparition d’infections.

Les dispositifs médicaux ou troubles neurologiques : Le port de sondes urinaires, les malformations des voies urinaires, ou encore certaines atteintes neurologiques (ex. : sclérose en plaques, maladie de Parkinson...) peuvent perturber la vidange complète de la vessie et augmenter le risque d’infections urinaires compliquées.

Certains troubles médicaux sous-jacents : Le diabète, notamment lorsqu’il est mal contrôlé, favorise les infections urinaires par la présence de sucre dans les urines et une défense immunitaire affaiblie.

Quels sont les symptômes associés ?

Les signes typiques de la cystite sont généralement bien reconnaissables. Ils peuvent varier en intensité selon les personnes, mais certains reviennent fréquemment :

  • Brûlures mictionnelles : sensation de picotement ou de brûlure au moment d’uriner, souvent très inconfortable.

  • Pollakiurie : envie fréquente d’uriner, même lorsque la vessie contient peu d’urine. Cela peut entraîner des mictions toutes les 30 minutes ou moins.

  • Urines troubles ou malodorantes : ces signes peuvent traduire la présence de bactéries, de leucocytes ou de protéines.

  • Hématurie (sang dans les urines) : visible à l’œil nu ou détectée à l’analyse, elle apparaît surtout en cas d’irritation marquée de la muqueuse vésicale.

  • Douleurs pelviennes : gêne ou douleurs sourdes localisées dans le bas-ventre, juste au-dessus du pubis.

  • Fièvre modérée : bien que rare dans les cystites simples, une élévation de la température peut annoncer une extension de l’infection aux reins (pyélonéphrite), surtout si elle s’accompagne de frissons ou de nausées.

  • Fatigue ou sensation de malaise général : chez certaines personnes, notamment en cas d’épisodes récidivants ou de cystite associée à un terrain fragile.

Quelles sont les solutions naturelles pour soulager les symptômes ?

Plusieurs approches naturelles peuvent contribuer à soulager les symptômes de la cystite et à limiter les récidives, en complément d’une bonne hygiène de vie.

La Cannenberge ou Cranberry : une réelle alliée ?

Reconnue pour son efficacité en prévention, la cranberry est l’un des remèdes naturels les plus étudiés dans le domaine des infections urinaires.

La cranberry, ou canneberge (Vaccinium macrocarpon), est un petit fruit rouge originaire d’Amérique du Nord. Utilisée depuis des siècles par les peuples autochtones pour traiter les infections urinaires, elle est aujourd’hui reconnue pour ses bienfaits dans la prévention des cystites récidivantes.

La cranberry est particulièrement riche en proanthocyanidines de type A (PACs-A), des polyphénols capables d’empêcher l’adhésion de la bactérie Escherichia coli sur les parois de l’épithélium urinaire (la vessie). En les empêchant de se fixer, les PACs-A limitent la colonisation bactérienne et favorisent l’élimination naturelle des germes par l’urine. Ce mécanisme d’action n’est pas curatif (il n'élimie pas une infection installée), mais préventif : il permet de réduire le risque de récidives chez les personnes sujettes aux infections urinaires à répétition.

Comment l'utiliser ?

Pour bénéficier d’un effet protecteur démontré, les études cliniques recommandent une prise quotidienne de 36 mg de PACs-A. Plusieurs formes sont disponibles :

  • Les extraits concentrés en gélules ou comprimés, standardisés en PACs-A, sont à privilégier. Leur concentration est mieux contrôlée que dans le jus, ce qui garantit une efficacité constante.

  • Le jus de cranberry pur, non sucré, peut être utilisé en complément, mais son efficacité dépend fortement de la qualité du produit. De nombreux jus du commerce sont trop dilués ou sucrés. Privilégiez un pur jus biologique sans additifs ni sucres ajoutés.

La prise doit être régulière, idéalement sur plusieurs semaines à plusieurs mois, notamment chez les personnes souffrant de cystites récidivantes. Il est essentiel de choisir des produits de qualité, avec une teneur clairement indiquée en PACs-A, idéalement validée par un professionnel de santé.

Quelle est son efficacité réelle ?

Les études cliniques confirment l’efficacité préventive de la cranberry dans plusieurs contextes : chez les femmes sujettes aux cystites récidivantes, elle permettrait de réduire de près de 50 % le risque de nouvel épisode ; chez les personnes âgées en institution, elle représente une alternative intéressante aux antibiotiques préventifs, avec un taux de succès allant jusqu’à 80 % ; enfin, après certains actes médicaux urologiques, son usage régulier diminue également la fréquence des infections urinaires post-opératoires.

Néanmoins, il est important de garder à l'esprit que la cranberry n’est pas un traitement curatif d’une infection urinaire déclarée : elle ne remplace ni un avis médical, ni une prise en charge antibiotique si nécessaire. Son intérêt principal réside dans la prévention à moyen et long terme.

Quelles précautions ?

La cranberry est déconseillée en association avec les anticoagulants oraux (comme la warfarine), car elle peut en potentialiser l’effet et augmenter le risque hémorragique. Une consommation excessive de jus de cranberry peut entraîner des brûlures d’estomac ou des troubles gastro-intestinaux chez certaines personnes. À fortes doses prolongées, elle peut favoriser la formation de calculs urinaires chez les personnes prédisposées. En cas de doute ou de pathologie chronique, n’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien ou à un professionnel de santé.

Nos autres remèdes naturels pour soulager ou prévenir la cystite

Au-delà de la cranberry, plusieurs solutions naturelles peuvent soutenir l’organisme lors d’un épisode de cystite ou aider à prévenir leur réapparition :

L’hydratation : Boire au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour reste le geste le plus simple et le plus essentiel. Une bonne hydratation dilue les urines, favorise l’élimination des bactéries et limite leur stagnation dans la vessie.

Le D-mannose : Ce sucre simple, naturellement présent dans certains fruits, empêche l’adhésion des bactéries E. coli aux parois de la vessie, à l’image des PACs-A. Bien toléré, il est souvent utilisé en prévention ou en accompagnement des traitements, sous forme de poudre ou de gélules.

Les probiotiques : La flore vaginale joue un rôle clé dans la défense contre les agents pathogènes. L’usage de probiotiques, notamment des souches de Lactobacillus crispatus, L. rhamnosus ou L. reuteri, permet de rétablir un microbiote protecteur, particulièrement utile après une antibiothérapie ou en cas de récidives fréquentes.

Les plantes diurétiques et antiseptiques : 

Certaines plantes médicinales sont très utiles pour pour soutenir les fonctions urinaires et réduire l’inflammation :

  • La Bruyère et la Busserole : reconnues pour leurs propriétés antiseptiques urinaires.

  • La queue de Cerise, l’Orthosiphon et la Piloselle : agissent comme diurétiques doux pour favoriser le drainage.

  • Le Thym : grâce à son huile essentielle naturellement présente dans les infusions, le Thym exerce une action purifiante tout en renforçant les défenses naturelles.

A noter

Vous pouvez les consommer sous forme d'infusions à raison de 2 à 3 tasses par jour, en alternance ou en mélange, selon les besoins et les recommandations d’un professionnel de santé. Assurez-vous de bien respecter les posologies, notamment pour la Busserole, qui ne doit pas être utilisée en continu ni chez la femme enceinte, en cas d’insuffisance rénale ou chez l’enfant.

L'application de chaleur : Une bouillotte tiède appliquée sur le bas-ventre peut apporter un soulagement en décontractant les muscles de la région pelvienne et en atténuant les douleurs liées à l’inflammation de la vessie.

Les jus de Myrtille sauvage ou de Persil frais : Riches en antioxydants (notamment en anthocyanes), ils contribuent à renforcer la résistance des muqueuses urinaires. Le Persil, quant à lui, possède aussi une légère action diurétique.

Les bains de siège au bicarbonate de sodium : Ils peuvent apaiser les irritations locales et rétablir un pH plus neutre au niveau de la sphère uro-génitale. À pratiquer avec de l’eau tiède (et non chaude), en complément d’autres mesures, notamment en cas de gêne intime ou de brûlure externe.

Comment prévenir la cystite ?

Voici nos 10 conseils simples et naturels pour limiter les récidives de cystite et soutenir la santé urinaire :

  1. Hydratez-vous suffisamment : Buvez entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour pour favoriser l’élimination naturelle des bactéries par les urines.

  2. N’attendez pas pour uriner : Retenir ses urines augmente le risque de stagnation bactérienne. Écoutez les signaux de votre corps.

  3. Urinez après chaque rapport sexuel : Cela permet d’éliminer les germes qui pourraient avoir migré vers l’urètre.

  4. Adoptez une hygiène intime douce : Utilisez un soin au pH physiologique, sans parfum, et évitez les douches vaginales. Réalisez toujours la toilette de l’avant vers l’arrière.

  5. Choisissez des vêtements adaptés : Privilégiez les sous-vêtements en coton et les vêtements amples pour limiter chaleur et humidité, facteurs propices au développement bactérien.

  6. Évitez les substances irritantes : Réduisez votre consommation de café, d’alcool, de sodas et d’aliments très épicés, qui peuvent irriter la vessie.

  7. Soutenez votre transit intestinal : La constipation favorise la prolifération des germes intestinaux à proximité des voies urinaires.

  8. Entretenez votre flore vaginale : En particulier après une antibiothérapie, les probiotiques locaux ou oraux peuvent rééquilibrer l’écosystème vaginal.

  9. Adoptez une alimentation anti-inflammatoire : Favorisez les légumes, les fruits frais, les huiles riches en Oméga-3 et limitez les sucres rapides.

  10. Bougez régulièrement : Une activité physique douce améliore la circulation dans la région pelvienne, ce qui soutient les défenses naturelles locales.

Précaution d'usage

Les solutions naturelles ne remplacent pas une consultation médicale, en particulier si les symptômes persistent au-delà de 48 heures, s’ils s’accompagnent de fièvre, de douleurs lombaires ou de sang dans les urines.  

La cranberry ne peut pas traiter une infection en cours : elle intervient en prévention. Elle est déconseillée en cas de traitement anticoagulant (risque d’hémorragie). Évitez les jus sucrés en cas de diabète ou d’antécédents de calculs rénaux.

Enfin, certaines plantes peuvent interagir avec des traitements médicamenteux. Nous vous recommandons de demander conseil à un professionnel de santé ou à un naturopathe qualifié.

Conseil de l'expert

En cas de cystites récidivantes, pensez à faire vérifier votre taux de Vitamine D. Un bon équilibre en Vitamine D soutient les défenses immunitaires, notamment au niveau des muqueuses. Associez-la à une alimentation anti-inflammatoire et riche en légumes verts pour renforcer naturellement votre terrain.

En savoir plus

Est-ce que le cranberry est efficace contre les infections urinaires ?

Oui, en prévention des cystites récidivantes, grâce à ses PACs-A qui empêchent les bactéries de se fixer à la paroi de la vessie.

Quand est-il recommandé de prendre de la cranberry pour réduire la fréquence des infections urinaires ?

En prévention, à raison d’une prise quotidienne pendant plusieurs semaines, notamment en période à risque (stress, vacances, sexualité active). Demandez conseil à votre médecin en cas de doute.

Quels aliments peuvent aggraver une cystite ?

Le sucre raffiné, le café, l’alcool et les aliments épicés peuvent irriter la vessie et doivent être limités en période sensible.

Zoom sur notre rédactrice Naturopathe, Stéphanie Catrysse

Stéphanie Catrysse est naturopathe (certifiée par la FENA), praticienne en massage bien-être et drainage lymphatique et conseillère en développement personnel. 

Passionnée de médecine douce, elle exerce avec une approche holistique de la santé.

Bibliographie

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