La glycémie postprandiale, c’est-à-dire 2h après un repas, doit être inférieur à 1,40 g par litre de sang.
Glycémie post prandiale : Comment la réguler ?
Qui n'a jamais ressenti ce "coup de barre" après le repas ? Cette fatigue post-prandiale est induite par le processus de digestion lui même et par le pic de glycémie qui en résulte. Nous passons plus de la moitié de notre vie en état postprandial, ce qui mérite que l'on se penche plus amplement sur le sujet. Dans cet article, nous vous aidons à y voir plus clair sur la glycémie post prandiale, son rôle et sa régulation.

Sommaire
Qu'est- ce que la glycémie post prandiale ?
Qu'appelle t'on glycémie ?
La glycémie correspond au taux de sucre, appelé glucose, dans le sang : Le glucose est une molécule issue de notre alimentation, indispensable au bon fonctionnement de notre organisme. En effet, les cellules de notre corps en ont besoin pour produire de l’énergie, en transformant le glucose en glycogène. Certains tissus, comme le cerveau ou les globules rouges ont besoin d’un apport continu de glucose. Les muscles squelettiques ont quant à eux des besoins plus variables selon leur activité.
Ce taux de glucose est normalement régulé par le corps. En effet, quand le taux de sucre sanguin augmente (suite à un repas par exemple), le pancréas libère alors del’insuline, une hormone hypoglycémiante qui permet de faire entrer le glucose dans la cellule et ainsi de faire baisser le taux de sucre sanguin.
En cas de dérégulation, c'est à dire quand la glycémie devient trop haute (hyperglycémie) ou à l'inverse trop basse (hypoglycémie), il y a danger pour l'organisme et une surveillance médicale, voire un traitement adapté deviennent nécessaire.
La glycémie normale se situe entre 0,70 et 1,10 g par litre de sang à jeun.
Une glycémie basse est inférieure à 0,70 g par litre de sang à jeun.
Une glycémie haute est supérieure à 1,10 g par litre, à jeun. Cette hyperglycémie modérée peut conduire à un diabète, autrement appelé hyperglycémie chronique.
Une hyperglycémie chronique est supérieure à 2g par litre de sang, à n’importe quel moment de la journée. C'est un diabète.
On distingue deux types de diabètes (1) :
Le diabète de type 1 : généralement moins fréquent, est une maladie chronique qui apparaît avant l'âge de 20 ans. On parle généralement de diabète insulinodépendant car il est dû à un manque de sécrétion de l’insuline par le pancréas.
Le diabète de type 2 : plus fréquent, se manifeste généralement après 40 ans. Malheureusement, il touche de plus en plus d'enfants et d'adolescents. Ce diabète correspond a une anomalie de l’action de l’insuline (qui ne fait plus rentrer le sucre dans les cellules). On parle d'insulinorésistance.
Que signifie postprandial ?
Postprandial signifie "qui se produit après repas".
N'avez-vous jamais vécu cette somnolence d'après repas ? Quand toute votre énergie est centrée sur votre digestion. Le coup de barre d'après repas est une fatigue post-prandiale, induite par la digestion, quand les cellules du pancréas se mettent à libérer de l'insuline. Cette montée de l'insuline entraine une augmentation de la sérotonine, un neurotransmetteur qui favorise l'endormissement, le sommeil. L’état postprandial s’étend sur plusieurs heures, sa durée varie entre 3 heures et 5 heures selon le type de nutriments consommés (glucides, lipides ou protéines). (2)(3)
Glycémie post-prandiale : quelle est la norme ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, une personne non diabétique passe plus de la moitié de sa vie en état postprandial. En absence de pathologie, les pics glycémiques après repas restent limités en durée et en amplitude. La glycémie postprandiale, c’est-à-dire 2h après un repas, doit être inférieur à 1,40 g par litre.
En cas de dégradation du contrôle glycémique postprandial, une intolérance au glucose se met en place : la glycémie est moins bien contrôlée après les repas. Cette dérégulation augmente le risque de développer ultérieurement un diabète de type 2. Si malheureusement la dérégulation conduit jusqu'au diabète, des désordres glycémiques se manifestent en fin de nuit et à jeun ; et s'intensifient après les repas. (2)(3)
Indice glycémique d'un aliment
L'indice glycémique ou index glycémique (IG) correspond au pouvoir hyperglycémiant d’un aliment donné en fonction de celui d’un aliment de référence (ici le glucose). Plus l'indice est bas, mieux c'est.
Voici les indices glycémiques de quelques aliments courants :
Baguette de pain courante = 95
Pain complet = 69
Chips = 56
Jus d'orange = 50
Pomme = 36
Lentilles = 28
Epinards = 15
Amandes = 15
A noter
Il existe également le concept de charge glycémique (CG) qui permet de quantifier la réponse glycémique d’une portion d’un aliment. Elle est intimement liée à l'IG : CG = IG x quantité de glucides contenue dans la portion d’aliment.
Quels peuvent être les causes d'une glycémie élevée?
L’alimentation : après un repas, la glycémie monte forcément. Elle sera d'autant plus haute que le repas sera riche en glucides. C'est quand la glycémie reste élevée que cela pose un réel problème.
La prise de certains médicaments : peut avoir un impact sur la glycémie. C'est le cas de la cortisone par exemple.
Un stress psychologique : en cas de stress, les glandes surrénales sécrètent deux hormones : l’adrénaline qui joue un rôle dans la régulation de la glycémie, et la noradrénaline qui agit sur la tension artérielle. En état de stress, la libération de ces deux hormones accélère le transport du glucose à toutes les parties du corps, pour "lutter" contre ce stress. En cas de stress ponctuel, c'est très utile. En cas de stress chronique, cela devient délétère...
Un stress physique : les maladies aiguës, les blessures ou les opérations ont presque toujours comme effet de faire augmenter la glycémie.
Un manque de sommeil : un sommeil dérégulé impacte l’équilibre glycémique : l'hormone qui permet de faire entrer le sucre dans la cellule (insuline) est moins produite ; la fatigue s'installe et l'envie de faire une activité physique est moins présente ; manquer de sommeil engendre plus de stress et favorise la prise de poids : tous ces facteurs ont un réel impact sur la régulation de la glycémie.
Le diabète, évidemment
Quelles sont les caractéristiques d'une glycémie post-prandiale ?
Voici les symptômes possibles quand le sucre dans le sang reste trop élevé après un repas :
Fatigue ou somnolence après avoir mangé
Soif excessive (polydipsie)
Envie fréquente d'uriner (polyurie)
Bouche sèche
Vision trouble
Maux de tête
Irritabilité ou baisse de concentration
Ballonnements ou malaise digestif (parfois)
A noter
Ces symptômes sont plus marqués si la glycémie dépasse 1,80 g/L (10 mmol/L), surtout de manière répétée.
Quelles sont les solutions naturelles pour réguler sa glycémie post-prandiale ?
Une alimentation adaptée
Il est préférable d'éviter toute privation pour ne pas engendrer un stress et une frustration inutile qui aurait un impact négatif sur votre glycémie. Miser sur une alimentation saine et adaptée est beaucoup plus stratégique.
Favoriser les aliments à faible index glycémique (IG bas < 70) : légumineuses, protéines, fruits et légumes frais, produits céréaliers complets ...
Veillez à un bon apport en fibres : elles diminuent la vitesse d'absorption des glucides et évitent les pics de glycémie. Elles amènent également plus vite à satiété. Préférez donc un fruit entier à une compote ou un jus, préférez les farines et céréales complètes aux blanches, etc ...
Limitez le plus possible les produits industriels, raffinés et ultra transformés : ils sont riches en sucre et mauvaises graisses. A titre d'exemple : les chips, les sodas, les pizzas surgelées, etc ... l'idéal est de cuisiner maison. Vous saurez précisément ce qu'il y a dans votre assiette.
Une activité physique régulière
Faites en sorte qu'elle fasse partie intégrante de votre quotidien : prenez l’escalier plutôt que l’ascenseur, privilégiez le vélo pour les petits déplacements, jardinez, bricolez… tout mouvement a son intérêt.
Marchez dans la nature est un bon moyen de réguler le stress tout en se mettant en mouvement. Vous pourrez aussi constater un réel bénéfice sur la qualité de votre sommeil.
Diminuer son temps d’écran permet de bouger plus et de dormir mieux.
Le soutien des plantes
Certaines plantes permettent d'aider à réguler la glycémie, dont en voici certaines (liste non exhaustive).
La Berbérinenaturellement présente dans certains végétaux, son utilisation remonte à unetrès longue tradition médicinale chinoise. Depuis, la berbérine a été largement étudiée, et a montré à de nombreuses reprises son effet hypoglycémiant, en particulier sur les taux de HbA1c et sur la glycémie plasmatique à jeun. Le mécanisme hypoglycémiant de la berbérine n'a lieu qu'en cas d’hyperglycémie (elle n'aurait de fait pas d'effet chez les sujets ayant une glycémie normale). (7) L’utilisation de la berbérine est déconseillée aux femmes enceintes.
L'Ortie : cette plante a de nombreux bienfaits dont celui de réguler le taux de glucose et de lipides sanguins. Hypoglycémiante, anti-inflammatoires, reminéralisantes et anti-oxydantes, ses feuilles se sont révélées efficaces pour stimuler la sécrétion d’insuline. (8)
Le Nopal également appelé Figuier de Barbarie, il est connu pour ses bienfaits sur le contrôle du poids grâce aux fibres qu'il contient, ainsi que sur la régulation de l’absorption du glucose. Il a d'ailleurs été démontré que le Nopal pouvait réduire la glycémie postprandiale, l’insuline sérique et les pics plasmatiques tout en augmentant l’activité antioxydante de l'organisme chez les personnes en bonne santé et les patients atteints de diabète de type 2.( 9)
Le Murier blanc : arbre originaire de Chine, on utilise ses feuilles, ses fruits, l'écorce de sa racine et ses jeunes rameaux pour leurs bienfaits thérapeutiques. Les feuilles, en particulier, contiennent un imino-sucre appelé deoxynojirimycine, aux effets hypoglycémiants. La feuille de mûrier possède de nombreuses propriétés biologiques, telles que la régulation du métabolisme des sucres et des lipides, la réduction de la glycémie et l'augmentation de la sécrétion d'insuline. Ses propriétés régulatrices de glycémie seraient attribuables aux composés phytochimiques contenus dans les feuilles. (10)
A noter
Quelque soit la plante sélectionnée, sa prise doit se faire sous supervision médicale, en particulier chez la femme enceinte et/ou allaitante et chez les personnes sous traitement antidiabétique.
Comment prévenir le pic de glycémie ?
Choisissez des aliments à faible indice glycémique.
Misez sur les fibres qui permettent de contrôler la glycémie : éviter les soupes, compotes, purées ou jus de fruits.
Cuisez peu : des pâtes al dente, des légumes vapeurs croquants, des féculents refroidis (pommes de terre en salade par exemple) ont des IG plus faibles que leurs équivalents trop cuits. Ils sont plus savoureux et demandent un travail de mastication plus important, qui permettra d'arriver également plus vite à satiété.
Espacez suffisamment les repas : nous l'avons vu, nous passons plus de la moitié de notre vie en état post prandial. Afin que de réguler efficacement le taux de glucose dans le sang, il est nécessaire de limiter les grignotages. Avec une pause de 5h minimum entre 2 repas, vous favoriserez la stabilisation de votre glycémie sur la journée.
Buvez suffisamment : l'hydratation joue un rôle clé dans la régulation de la glycémie : l'eau restant la meilleure option, les tisanes ou le thé vert sont également intéressants. Attention à la déshydratation qui peut perturber les mécanismes de régulation du glucose et provoquer une hyperglycémie temporaire.
Marchez après le repas : l'objectif étant de stimuler vos muscles directement après la prise alimentaire : ainsi ils absorberont le glucose sanguin (nécessaire à leur activité) qui verra sa concentration sanguine diminuer. Le pic sera limité.
Précautions
Les désordres glycémiques sont à prendre très au sérieux, car ils peuvent avoir de lourdes conséquences sur le bon fonctionnement de votre organisme.
Réguler sa glycémie est un travail quotidien qui passe par un mode de vie équilibré et sain (alimentation, activité physique, sommeil, hydratation).
En cas de doute, consultez rapidement votre médecin généraliste qui saura vous prescrire une mesure de glycémie au laboratoire par prise de sang à jeun. En fonction de vos résultats d'analyse, un traitement pour faire baisser votre glycémie (comme la metformine et autres médicaments) pourra vous être prescrit.
Conseil de l'expert
Considérée comme une réelle épidémie, la prévalence du diabète ne cesse d'augmenter : elle est passée de 5,6 % en 2015 à 6,30 % en 2022. Le diabète est une maladie qui se développe de manière silencieuse. Par conséquent, plus de la moitié des Français ne réalise pas de dépistage. Le diabète est malheureusement responsable de décès (plus de 85 000 décès en France en 2021). En France, 92% des personnes atteintes de diabète ont un diabète de type 2.(11) Pourtant, ces chiffres alarmants pourraient être limités en prenant davantage conscience de l'impact de notre alimentation et de notre activité physique sur notre santé. Faire la chasse aux sucres cachés, consommer davantage de fibres, bouger tous les jours, boire de l'eau (et non des sodas) sont des petits réflexes quotidiens simples aux conséquences immenses pour la santé !
En savoir plus
Quelle est la valeur normale de la glycémie post-prandiale ?
Quelle est la valeur normale de la glycémie post-prandiale ?

Quelle est la valeur normale de la glycémie post-prandiale ?
Pourquoi mesurer la glycémie à jeun ?
Pourquoi mesurer la glycémie à jeun ?

Pourquoi mesurer la glycémie à jeun ?
Mesure la glycémie, c'est évaluer la capacité de l'organisme à réguler le sucre dans le sang. Avoir connaissance de ce taux à jeun permet d'apprécier la capacité de l'organisme à réguler la glycémie en l'absence d'apport alimentaire immédiat. Si la glycémie reste élevée alors qu'aucun apport alimentaire n'a eu lieu (c'est à dire que l'organisme est à jeun), c'est que l'organisme peine à faire rentrer le sucre dans la cellule.
Article rédigé par Emilie ONDET, Ingénieure en Biochimie

Emilie est ingénieure en biochimie et principes actifs naturels, Emilie est également Naturopathe, Conseillère en nutrition et Rédactrice spécialisée en santé, alimentation et bien-être. Elle a travaillé plus de 10 ans dans le monde pharmaceutique et la communication scientifique, ce qui lui permet d’avoir une vision globale de la santé, et d’en parler avec sérieux et pédagogie. La science est son support, les mots ses outils. Elle défend une approche de la santé plus préventive, plus raisonnée, plus scientifique et bien sûr plus naturelle !
Bibliographie
1
Elsan, Glycémie. Consulté le 09/04/2025
2
Louis Monnier, Claude Colette, La glycémie postprandiale : du normal au pathologique; Cahiers de Nutrition et de Diététique Volume 43, Issue 4, September 2008, Pages 180-185; https://doi.org/10.1016/S0007-9960(08)75436-1
3
Martine LAVILLE and al. Importance of the postprandial phase in human health, Académie de médecine, Bull. Acad. Natle Méd., 2013, 197, no 1, 65-78, séance du 22 janvier 2013
4
Fédération Française des Diabétiques, Ma Glycémie, Consulté le 09/04/2025
5
QCare, Taux dangereux de glycémie : comment réguler son taux de sucre dans le sang ?
6
Novak M, Björck L, Giang KW, Heden-Ståhl C, Wilhelmsen L, Rosengren A. Perceived stress and incidence of Type 2 diabetes: a 35-year follow-up study of middle-aged Swedish men. Diabet Med. 2013 Jan;30(1):e8-16. doi: 10.1111/dme.12037. PMID: 23075206.
7
Wenting Xie and al. Glucose-lowering effect of berberine on type 2 diabetes: A systematic review and meta-analysis, SYSTEMATIC REVIEW article Front. Pharmacol., 16 November 2022 Sec. Experimental Pharmacology and Drug Discovery Volume 13 - 2022 | https://doi.org/10.3389/fphar.2022.1015045
8
Chehri A, Yarani R, Yousefi Z, Novin Bahador T, Shakouri SK, Ostadrahimi A, Mobasseri M, Pociot F, Araj-Khodaei M. Anti-diabetic potential of Urtica Dioica: current knowledge and future direction. J Diabetes Metab Disord. 2022 Jan 13;21(1):931-940. doi: 10.1007/s40200-021-00942-9. PMID: 35673511; PMCID: PMC9167344.
9
López-Romero P, Pichardo-Ontiveros E, Avila-Nava A, Vázquez-Manjarrez N, Tovar AR, Pedraza-Chaverri J, Torres N. The effect of nopal (Opuntia ficus indica) on postprandial blood glucose, incretins, and antioxidant activity in Mexican patients with type 2 diabetes after consumption of two different composition breakfasts. J Acad Nutr Diet. 2014 Nov;114(11):1811-8. doi: 10.1016/j.jand.2014.06.352. Epub 2014 Aug 12. PMID: 25132122.
10
Wenju Cui and al. Effect of mulberry leaf or mulberry leaf extract on glycemic traits: a systematic review and meta analysis, Dember 2022, Food Funct.,2023,14, 1277–1289.
11
Fédération francaise de Diabétiques, Les chiffres du diabète en France, Consulté le 14/04/2025