Contrairement à son nom, l’acné chéloïdienne de la nuque n’est pas une forme d’acné, mais une folliculite inflammatoire. Elle touche principalement les hommes aux cheveux crépus, notamment lorsqu’ils sont coupés très courts ou rasés. En repoussant, le cheveu incurvé s’enfonce sous la peau, provoquant une inflammation qui évolue en lésions chéloïdiennes. Celles-ci ne disparaissent pas spontanément et nécessitent souvent une combinaison de traitements dermatologiques. Pour prévenir les récidives, la meilleure approche reste d’éviter le rasage ou les coupes trop courtes.
Chéloïde : causes et symptômes
Du grec ancien, "khélé" et "oïde", désignant des "lésions ressemblant aux pinces de crabe", les chéloïdes existent depuis l'Egypte ancienne et sont des cicatrices hypertrophiques d'évolution anormale, provoquées ou spontanées, qui, bien que bénignes, peuvent fortement impacter la qualité de vie. Voyons dans cet article quelles sont les causes principales, les facteurs favorisants ainsi que les symptômes usuels des chéloides.

Sommaire
Définition-cheloide
Une chéloïde est la résultante d'une réponse fibro-collagénique inadaptée et désorganisée, faisant généralement suite à une plaie ou une inflammation. Elle se présente sous la forme de papules bosselées, fermes, de couleur variable (allant du rose, rouge, violacé jusqu'au brun), s'étandant au-delà de la cicatrice et ne régressant pas avec le temps. Son apparition peut survenir plusieurs mois après la "plaie" initiale. Ainsi, si une cicatrice se forme et s'étend, devenant anormalement gonflée et pouvant s'accompagner d'autres symptômes et si elle ne s'estompe pas après 18 à 24 mois d'évolution, il s'agit très probablement d'une chéloïde. Des chéloïdes peuvent apparaître suite à des piqûres d'insectes, un herpès, un zona, une folliculite (acné...). Mais dans la plupart des cas, elles surviennent après une plaie : piercing (surtout oreilles) et tatouages, vaccins, ponctions, suture (post chirurgie), plaies traumatiques ou égratignures, brûlures.
Risques de confusion
Les chéloïdes ne doivent pas être confondues avec d'autres pathologies pouvant leur ressembler :
Cicatrices hypertrophiques : elles ressemblent aux chéloïdes mais restent limitées à la zone de la blessure et ont tendance à s'atténuer avec le temps, contrairement aux chéloïdes qui continuent de s'étendre
Sarcoïdose cutanée : maladie inflammatoire qui provoque la formation de nodules sous la peau, souvent sur le visage, les bras ou le dos, et qui peut ressembler à des chéloïdes en raison de son aspect surélevé
Folliculite chéloïdienne de nuque ou de barbe : inflammation chronique des follicules pileux, touchant principalement les hommes aux cheveux crépus. Elle entraîne des lésions épaisses et chéloïdiennes, surtout à l’arrière du cou ou dans la zone de la barbe
Dermatofibromes : nodules bénins et fermes sous la peau, souvent brunâtres ou rouges, qui peuvent être confondus avec des chéloïdes mais ne sont pas liés à une cicatrisation excessive
Qu'est-ce qui peut provoquer l'apparition de chéloïdes ?
Il existe plusieurs causes, bien que la physiopathologie ne soit pas encore complètement élucidée :
Des causes génétiques : on trouve des antécédents familiaux chez des apparentés du premier degré dans un tiers des cas. De même, le fait d'avoir soi même déjà fait des chéloïdes, expose à un risque plus accru d'en refaire.
Des liens avec l'origine ethnique : l'incidence est plus forte chez les patients d'ascendance africaine, latine et chinoise.
L'hypothèse mélanocytaire : il semblerait que les mélanocytes, cellules qui produisent la mélanine (pigment brun) jouent un rôle dans la formation des chéloïdes. En effet, les chéloïdes sont plus fréquentes sur peaux foncées (mélanocytes plus matures et mieux répartis, plus de mélanine) et sur les zones du corps qui contiennent plus de mélanine.
L'hypothèse inflammatoire : l'inflammation influence la production de collagène. Plus l'inflammation est intense, plus la cicatrice risque d'être volumineuse.
L'hypothèse hormonale : il y a en effet plus de risque de développer des chéloïdes au cours de la puberté et de la grossesse.
L'hypothèse des forces de traction cutanée : certaines localisations sont plus à risque, liées à des forces de traction cutanée plus importantes. C'est le cas des articulations (épaules), du torse et de la poitrine, de la mâchoire etc.
Quels sont les symptômes associés ?
Des symptômes couramment décrits peuvent être présents avec les chéloïdes :
Des douleurs : à type de lancements ou d'hyper-esthésie au moindre contact, y compris le simple contact d'un tissu ou d'un vêtement
Des démangeaisons : prurit, surtout en phase de croissance inflammatoire
Une diminution des amplitudes articulaires pour les localisations concernées
Un retentissement psychologique : mal être, stress, état dépressif.
Certains traitements des chéloïdes peuvent également avoir des effets secondaires tels qu'une hypopigmentation (taches claires), une atrophie cutanée avec petits vaisseaux apparents voire une évolution comédonienne (points noirs).
Quelles recommandations ?
La prise en charge des chéloïdes par les dermatologues est variable selon la taille, la localisation et le niveau de gêne (cryothérapie, injection de chimiques voire chirurgie). Parfois, les traitements sont insuffisants et la chéloïde récidive. Néanmoins, dans la plupart des situations, les symptômes peuvent être rapidement soulagés et l'épaisseur de la chéloïde réduite, ce qui suffit à améliorer la qualité de vie. Dans tous les cas, l'application d'un gel natif à l'Aloe vera deux fois par jour, en massant la cicatrice, ainsi que l'application d'une protection solaire, sont des principes relatifs à toute cicatrice.
Comment les prévenir ?
Si vous êtes sujet aux chéloïdes et que vous avez une intervention programmée, informez-en votre chirurgien afin d'adapter la prise en charge. Pour limiter leur apparition, suivez ces recommandations :
Désinfectez soigneusement toute plaie et appliquez un produit cicatrisant adaptée
Utilisez un pansement en silicone si vous avez des antécédents de chéloïdes, afin de limiter la surproduction de collagène
Appliquez un gel siliconé en prévention, après validation par un professionnel de santé
Massez la cicatrice une à deux fois par jour pour assouplir les tissus, seul ou avec l’aide d’un kinésithérapeute si nécessaire
Portez des vêtements compressifs dans les cas recommandés, notamment pour les cicatrices étendues ou en relief.
Une prise en charge précoce et adaptée permet de réduire considérablement le risque de chéloïdes.
Précautions d'usage
Pensez à conserver le gel natif d'Aloe vera au réfrigérateur entre deux utilisations.
Conseil de l'expert
Si une petite boule rouge et douloureuse apparaît après un piercing, il peut s’agir d’une chéloïde naissante. Désinfectez matin et soir, gardez votre bijou en acier chirurgical ou en titane, et appliquez un soin apaisant comme du gel d’Aloe vera. Si la boule grossit, consultez un professionnel pour un traitement adapté.
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Quel traitement simple proposer en préventif dans le cadre de cicatrices ?
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Parmi les méthodes douces et efficaces, la photobiomodulation, utilisant des lumières rouge et infrarouge, peut aider à limiter la formation de cicatrices anormales et à favoriser une meilleure cicatrisation après une intervention ou une brûlure. Indolore et sans risque, elle nécessite toutefois plusieurs séances de courte durée pour être pleinement efficace. Parlez-en à votre dermatologue !
Zoom sur notre rédactrice dermatologue : le Docteur Aoun

Le Dr Agathe AOUN - COUSSIEU est dermatologue en Martinique, où elle exerce la dermatologie générale, chirurgicale et esthétique. Sensible au bien être de la peau, elle prodigue également des conseils et soins les plus naturels et adaptés aux peaux sensibles ou à spécificités. Elle a aussi développé un compte Instagram où l’on peut retrouver ses coups de cœur produits, explications sur les pathologies cutanées et conseils peau (@dragatheaoun).
Bibliographie
1
J. Eraud, D. Gonnelli, M. Carmassi, L. Bruzzese, L. Andrac-Meyer, D. Casanova, G. Magalon, Diagnostic différentiel entre cicatrices chéloïdes et hypertrophiques : une nouvelle approche en tomographie par cohérence optique plein-champ, Annales de Chirurgie Plastique Esthétique, Volume 59, Issue 4, 2014, Pages 253-260
2
Wang ZC, Zhao WY, Cao Y, Liu YQ, Sun Q, Shi P, Cai JQ, Shen XZ, Tan WQ. The Roles of Inflammation in Keloid and Hypertrophic Scars. Front Immunol. 2020 Dec 4;11:603187. doi: 10.3389/fimmu.2020.603187. PMID: 33343575; PMCID: PMC7746641.
3
Ekstein SF, Wyles SP, Moran SL, Meves A. Keloids: a review of therapeutic management. Int J Dermatol. 2021 Jun;60(6):661-671. doi: 10.1111/ijd.15159. Epub 2020 Sep 9. PMID: 32905614; PMCID: PMC7940466. https://www.sfdermato.org/media/pdf/fmc/fmc-fevrier-cccab0769a58f0e323a327a46e711117.pdf
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Avci P, Gupta A, Sadasivam M, Vecchio D, Pam Z, Pam N, Hamblin MR. Low-level laser (light) therapy (LLLT) in skin: stimulating, healing, restoring. Semin Cutan Med Surg. 2013 Mar;32(1):41-52. PMID: 24049929; PMCID: PMC4126803.